13 mai 2009

Fondation (2)

« Or, il n'est pas une usine, pas un centre commercial, pas une compagnie de navigation interstellaire qui ne soit sous ma domination, pas ne des ces entreprises que je ne puisse étrangler si Sutt poursuit sa propagande révolutionnaire. Partout où cette propagande donnera des résultats, ou semblera en donner, je vellerai à ce que la prospérité économique cesse. Là où les efforts de Sutt échoueront, la situation demeurera florissante, car mes usines continueront à tourner normalement.

« Et de même que je suis sûr de voir bientôt les Korelliens se révolter pour retrouver leur confort et leur prospérité, je suis non moins certain que nous ne ferons rien, nous, pour perdre ces mêmes avantages. Par conséquent, il faut jouer le jeu jusqu'au bout.

- C'est donc une ploutocratie que vous voulez instaurer, dit Jael. Vous faites de la Fondation un royaume de commerçants et de princes marchands. Dans ces conditions, que nous réserve l'avenir?... »

L'air soudain lugubre, Mallow s'exclama avec violence : « Qu'est-ce que j'en ai à faire de l'avenir? Nul doute que Seldon a déjà tout préparé, tout prévu en cas de problème. Il se produira d'autres crises quand la puissance de l'argent aura décliné. Comme c'est aujourd'hui le cas de celle de la religion. À mes successeurs de résoudre ces problèmes, comme je viens de régler celui qui nous occupe aujourd'hui. »

Extrait de : Fondation d'Isaac Asimov



Ce nouveau passage de tome un du cycle des fondations d'Asimov est encore une fois très représentatif de notre société occidentale. Après un coup d'éclat orchestré par Mallow, un conseiller discute avec le nouveau « maître » de la fondation à propos de l'avenir de celle-ci. La fondation est en effet maintenant une « ploutocratie », tout comme notre société, notre démocratie étant un leurre. On nous donne l'illusion du choix alors que le peuple est en réalité dans une impasse. Dans tous les contextes, l'argent est le principal élément motivant les choix de notre société, l'argent apportant le confort et la stabilité. Pour cette raison il est très facile de déstabiliser une société aussi dépendante que la nôtre et c'est pourquoi l'indépendance du Québec fait peur à beaucoup de gens, c'est également la raison pour laquelle beaucoup de fédéralistes se plaisent à dire que l'indépendance est un « risque », l'indépendance est, pour eux, un élément perturbateur. Ce sont donc les riches et non le gouvernement qui exerce la plus grande influence sur la population, en contrôlant les médias et en imposant ses pantins au parlement. Il serait très naïf de croire qu'un homme riche n'utilisera pas les outils mis à sa disposition pour s'enrichir davantage.

L'élément le plus intéressant de cet extrait est la déclaration faite par Mallow à la toute fin : « il se produira d'autres crises quand la puissance de l'argent aura décliné. Comme c'est aujourd'hui le cas de celle de la religion. » Il semble que la fondation en est rendue au même point que notre société, la religion est mourante et l'argent sera prochainement sur le déclin. Comme le déclare la fameuse phrase de Nietzsche : « Dieu est mort! », la religion n'est plus ce qu'elle était. La religion n’est aujourd'hui qu'une pure tradition, nous avons tué Dieu pour le remplacer par « rien ». Autrefois la religion apportait des réponses à nos questions existentielles, aujourd'hui la science tente d'apporter des réponses, mais sans succès. Je vais probablement en surprendre plusieurs, mais je crois que la puissance de l'argent est aussi sur le déclin, peut-être de manière imperceptible jusqu'à maintenant, mais si la crise économique se poursuit, il se pourrait fort bien que son déclin se poursuive. Non pas parce que les gens auront découvert que l'argent n'apporte rien de vraiment essentiel, mais plutôt par l'effondrement d'un système économique défaillant. Nous assisterons à son déclin et nous serons forcés de nous adapter.

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