7 sept. 2009

Étude internationale menée au Québec - Des enfants d'âge préscolaire déprimés et anxieux

La petite enfance n'est pas faite que de jeux et d'insouciance. Pour certains bouts de chou, elle est même synonyme de grandes inquiétudes. Une vaste étude internationale réalisée au Québec montre en effet qu'un enfant sur sept souffre de hauts niveaux de dépression et d'anxiété avant même de mettre le pied à la petite école, une fragilité qui va grandissant pour certains.

Publiée dans le dernier Journal of Child Psychology and Psychiatry, cette étude a permis de suivre étroitement 1759 petits Québécois de leur naissance jusqu'à cinq ans. Au final, pas moins de 15 % ont montré des niveaux atypiques de dépression et d'anxiété. Au quotidien, cela se traduit par un enfant «qui se sent triste la plupart du temps», qui est manifestement «tendu, anxieux», souvent même apeuré, et qui «a du mal à ressentir du plaisir avec les autres», explique son auteure principale, la Dre Sylvana Côté.

La dépression et l'anxiété figurent parmi les dix premières causes d'incapacité dans le monde. Ces maux ont été très bien documentés chez les enfants d'âge scolaire et les adolescents, mais pas du tout chez les tout-petits. Résultat: on en sait très peu sur le phénomène, convient la psychologue. «Plusieurs pensent même que ces problèmes n'existent pas pendant la petite enfance. Or, notre étude montre clairement que ces maux existent aussi chez les enfants d'âge préscolaire.»



Eh oui, les enfants en bas âge ont des émotions! Eh non! Ce n'est pas toujours de la joie! La plupart des gens ont tendance à croire qu'il est impossible pour un tout-petit d’éprouver des émotions liées à la dépression parce qu'ils n'ont pas à faire face aux problèmes des plus vieux et que, dans le fond, ils n'ont qu'a profiter de la vie, mais qu'en est-il si ces enfants ne peuvent pas profiter de la vie de manière stimulante? Nous savons que nous pouvons retirer la télévision et les jeux vidéo de la liste des activités stimulantes puisqu'elles n'ont rien de constructives, un enfant en bas âge doit commencer à apprendre à réaliser des choses afin de bâtir sa confiance avec ou sans l'aide de ses parents. Des choses toutes simples comme la construction à l'aide de blocs, le dessin d'une maison, apprendre à écrire son nom... la chose n'a nullement besoin d'être réalisée à la perfection puisque l'enfant n'est qu'en stade d'apprentissage, tout ce dont il a besoin c'est d'encouragements, de conseils et de félicitations.



Cette anxiété, qui sort de la normalité en raison de son extrême intensité, s'exprime en fait dès la première année de vie, poursuit la professeure au Département de médecine sociale et préventive de l'Université de Montréal. «Il existe des indications montrant qu'un enfant est plus à risque, et le plus important est certainement son tempérament à l'âge de cinq mois.» Ce nourrisson se distingue des autres par son comportement «capricieux». «Il est difficile à consoler» et il peine à s'adapter aux situations changeantes qu'il redoute, explique la Dre Côté.

La dépression de la mère est aussi un élément prédictif décisif, ajoute la psychologue. «Notre étude est la première à montrer que le tempérament du jeune enfant et la dépression maternelle peuvent mener à une trajectoire élevée de problèmes de dépression et d'anxiété avant l'entrée à l'école.» D'où l'importance de soutenir non seulement l'enfant, mais aussi sa mère, recommande l'équipe internationale qui regroupe des chercheurs tant québécois que français, américains et irlandais.

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La lecture de ces deux paragraphes me laisse perplexe... Est-ce que la dépression est, en quelque sorte, inscrite dans les gènes de l'enfant à la naissance ou dût au fait que la mère dépressive inculque son comportement à l'enfant après sa naissance? En d'autres mots, est-ce que la dépression est un sentiment inné ou acquis? L'article ne répond malheureusement pas à cette question. Je serais pourtant très curieux d'en connaître la réponse... et qu'en est-il de l'intelligence?

26 août 2009

La souveraineté, un vieux débat?

Pas pour la catalogne.

Le Tribunal constitutionnel se prononcera d'ici l'automne sur le nouveau statut d'autonomie de la région
Madrid -- Avis de cyclone politique en Catalogne et, par extension, sur toute l'Espagne et la stabilité du gouvernement Zapatero! La plupart des formations de cette riche et turbulente région du nord-est du pays sont sur le pied de guerre. Solennement, elles ont menacé le Tribunal constitutionnel, à Madrid: si par malheur, ont-elles averti, ses hauts magistrats devaient «amputer la Catalogne de ses droits sur sa langue, ses symboles ou son financement», la réaction unanime pourrait être «terrible».

«Un conflit institutionnel sans précédent avec l'Espagne», a auguré sèchement Joan Ridao, d'Esquerra Republicana (ERC), un parti indépendantiste appartenant à la coalition au pouvoir régional, à Barcelone. Et, hormis le Parti populaire de Catalogne, de tendance «espagnoliste», les autres formations lui ont emboîté le pas sur un même ton de défi chargé d'hostilité, tout en menaçant de «vastes mobilisations de rue», le cas échéant. Autant de vitupérations nationalistes destinées à exercer une pression maximale sur les juges du Tribunal constitutionnel qui, d'ici la fin de l'automne, doivent rendre un verdict sur le nouveau statut d'autonomie de la Catalogne, approuvé en 2006 par 88 % du Parlement autonome catalan, puis validé par un référendum régional.

Un recours

En juillet 2006, le grand parti conservateur national, le Parti populaire (le PP), avait déposé un recours auprès du tribunal constitutionnel (TC) concernant 114 des 223 articles du statut, considérant qu'il dépassait «les lignes rouges de la Constitution espagnole». C'est sur ce recours que les magistrats du TC doivent aujourd'hui statuer.

Pourquoi une telle bronca politique aujourd'hui, alors même que le tribunal n'a toujours pas rendu son verdict? Au travers d'indiscrétions distillées à la presse, la majorité conservatrice du tribunal a d'ores et déjà fait connaître ses réticences sur plusieurs articles de «l'estatut», le nouveau statut catalan. Le texte original risque donc d'être tronqué sur des aspects que les leaders catalans jugent non négociables. Le préambule de l'estatut parle de «nation catalane», concept incompatible, disent les populares, avec le fait qu'«il n'y a pas d'autre nation que la nation espagnole» ; secundo, la langue catalane (co-officielle avec le castillan) et le caractère obligatoire de son apprentissage, comme dans l'administration et à l'école. Or, pour le PP, cette norme viole par exemple le droit des parents à ce que leurs enfants soient scolarisés en espagnol; tertio, les pouvoirs conférés au Conseil de la magistrature catalan seraient identiques à son alter ego national; ensuite, l'estatut fixe des compétences exclusives pour la Catalogne, notamment en matière fiscale, ce que le PP juge «intolérable»; enfin, et peut-être surtout, le texte oblige l'État espagnol à réserver 17 % de ses investissements à la Catalogne, soit l'équivalent de ce que la région apporte au PIB national. Inacceptable pour le PP, aussi, car cela reviendrait à torpiller «le principe de solidarité» entre les 17 communautés autonomes du pays.

Le fond de ce bras de fer hispano-catalan n'a rien de nouveau, puisqu'il agitait déjà les débats lors de la seconde république, entre 1931 et 1936. En gros, il s'agit d'un débat de souveraineté.

Quel statut ?

Pour les uns, il appartient à la Catalogne de définir sa relation avec le reste de l'Espagne; pour les autres, le PP surtout, seul le Parlement national de Madrid est souverain et la Catalogne n'est qu'une communauté autonome comme une autre. Un dialogue de sourds. Ernest Benach, le président du Parlement catalan, est clair: «Le peuple de Catalogne a parlé par référendum: l'Estatut est notre constitution.» Felip Puig, du grand parti nationaliste CIU, ne dit pas autre chose: «Aucun tribunal espagnol n'est au-dessus du verdict populaire exprimé en Catalogne, par consultation et via ses députés.» Une dispute considérable est donc servie qui, éditorialisait hier El Pais, «va conditionner toute la saison politique». José Luis Zapatero est dans l'embarras. Le chef du gouvernement se retranche prudemment derrière «l'indépendance du pouvoir judiciaire», mais il sait que, si le TC modifie en profondeur l'estatut, il ne sortira pas indemne de ce séisme politique. Les socialistes catalans, au pouvoir régional et à qui il doit en bonne partie sa réélection en 2008, ont fait savoir qu'ils s'aligneraient sur un «front de refus inébranlable».

En un mot, l'estatut n'est pas négociable. Zapatero, qui aime cultiver l'ambiguïté, sera alors contraint de choisir son camp.

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N'en déplaise aux fédéralistes, il semble que l'indépendance ne soit pas un débat dépassé puisque, dans notre société, « nous devons faire preuve d'ouverture sur le monde! » Comment pourrait-on s'ouvrir sur le monde si nous ne possédons pas d'identité? Pourquoi l'indépendance serait-elle synonyme de fermeture? La Catalogne semble être dans une situation similaire à la nôtre, les quatre points soulevés dans leur nouveau statut le démontrent bien. L'estatut parle de « nation catalane », chose qui leur est refusée, les conservateurs ont affirmé qu'il y avait une nation québécoise, mais n'a pas adopté de résolution conséquente, un des gouvernements est seulement moins hypocrite que l'autre. Le caractère obligatoire pour l'apprentissage de leur langue nationale est un autre point commun et les détracteurs amènent les mêmes arguments individualistes issus de la charte des droits et libertés soulevés par nos amis anglophones du Québec. Les deux autres points de l'article sont peu soulevés au Québec, car le Parti Québécois semble, soit incapable des communiqués à la population, ou ne désire pas le faire parce que ce parti n'est pas aussi indépendantiste qu'il veut bien le faire croire. « Les pouvoirs conférés au Conseil de la magistrature catalan seraient identiques à son alter ego national; ensuite, l'estatut fixe des compétences exclusives pour la Catalogne, notamment en matière fiscale, ce que le PP juge «intolérable»; enfin, et peut-être surtout, le texte oblige l'État espagnol à réserver 17 % de ses investissements à la Catalogne, soit l'équivalent de ce que la région apporte au PIB national. Inacceptable pour le PP, aussi, car cela reviendrait à torpiller «le principe de solidarité» entre les 17 communautés autonomes du pays. » Imaginé une minute une nouvelle constitution où le Québec ferait ce type de demande (tout à-fait raisonnable pour une nation distincte), est-ce que les Québécois appuieraient ces résolutions? Que la réponse soit affirmative ou négative, nous aurions enfin un vrai débat politique à nous mettre sous la dent, de quoi faire sortir le peuple de son apathie politique.

Dans une société individualiste, le statu quo national est beaucoup plus «tolérable», c’est pourquoi la majorité de la population évite d’embarquer dans ce genre de débat…

12 août 2009

Ottawa confirme l'achat de 15 hélicoptères Chinook

Ottawa -- Le gouvernement conservateur a finalement réalisé une de ses promesses militaires de 2006 hier en confirmant l'acquisition de 15 hélicoptères Chinook, au coût de 3,4 milliards de dollars. Ces appareils neufs fabriqués par Boeing suscitent bien des questions au sein de l'opposition et l'on ignore quelle utilisation en sera faite alors que la mission en Afghanistan tire à sa fin.

«Ce contrat élève les Forces canadiennes au rang de force de première classe, moderne et flexible, capable de défendre le Canada et les intérêts canadiens au pays et à l'étranger», a déclaré le ministre fédéral de la Défense, Peter MacKay, qui se trouvait à Halifax pour livrer la bonne nouvelle. «Ces hélicoptères sont essentiels pour assurer la sûreté et la sécurité des Canadiens», a-t-il ajouté.

Le Canada achètera auprès de l'américaine Boeing 15 appareils Chinook -- et non pas 16 comme prévu au départ -- au coût de 1,2 milliard de dollars. Une somme supplémentaire d'environ 2,2 milliards est prévue au cours des 20 prochaines années pour leur entretien. Les hélicoptères seront construits aux États-Unis. Toutefois, Boeing s'engage à réinvestir au Canada l'équivalent de la valeur totale du contrat au cours des deux prochaines décennies dans divers projets. Bien que cela soit devenu l'habitude pour ce genre de contrat mammouth, le gouvernement conservateur n'a pas imposé des quotas régionaux d'investissement. Le Québec n'a donc aucune garantie que sa part du marché canadien de l'aéronautique, évaluée à 60 %, sera respectée.

C'est pour cette raison principale que le Bloc québécois se montre critique de cette annonce. «Le gouvernement conservateur soutient qu'il est favorable à l'économie locale, mais ce n'est pas le cas», explique le porte-parole de l'Industrie, le député Robert Bouchard. «Le Québec doit avoir sa juste part.»

À Québec, le ministre du Développement économique, Clément Gignac, n'était pas disponible pour commenter le dossier. Sa porte-parole a seulement indiqué que le ministère avait contacté Ottawa et Boeing pour s'assurer que les entreprises québécoises touchent elles aussi la manne. Le ministre est-il déçu de l'absence de quota? «On n'a pas de commentaire à faire en ce sens, a indiqué Anne-Sophie Desmeules. [...] On est confiant que [sic] ces représentations conféreront des retombées intéressantes pour le Québec.»

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Cet article devrait peut-être se retrouver dans une section « satire » tellement les arguments du risible ministre Mackay sont pathétiques. J'imagine que ces hélicoptères sont essentiels pour nous protéger des talibans, ce dangereux groupe terroriste qui a fait de nombreuses victimes dans notre beau pays. En effet, c'est grosses bébittes volantes et dispendieuses seront des cibles de choix pour les lancent roquettes d'occasions des talibans. Les hélicoptères serviront d'appâts!

J'aimerais beaucoup voir cet argent investi dans de nouvelles technologies ou pour un réaménagement urbain dans une ville comme Montréal, qui en aurait grand besoin. Les retombés n'en serait non seulement économique, mais améliorerait aussi notre qualité de vie. Semblerait malheureusement que notre sécurité soit en danger, merci au ministre Mackay de nous le rappeler, j'ai tendance à oublier que nous pourrions être attaqués dès demain matin, aller savoir pourquoi...

31 mai 2009

Des employés trop payés?

Nous sommes témoins d’un bel exemple de lutte des classes ces temps si. Une belle lutte entre la classe moyenne et la classe dirigeante dans le secteur de l’automobile aux États-Unis et en Ontario et dans le secteur forestier au Québec. Vous avez surement entendu des gens autour de vous dirent que les employés du secteur de l’automobile de l’Ontario gagnaient en moyenne 75$ l’heure et que ce taux horaire était beaucoup trop élevé pour permettre à une compagnie comme Chrysler de compétitionner avec Toyota. Notons que ces chiffres proviennent de la compagnie, les TCA eux ont des chiffres différents à nous proposer, ils affirment que le salaire horaire débute à 24$ l’heure pour plafonner à 34$ et que celui des emplois spécialisés plafonnent à 40$ l’heure. Les TCA affirment également que le coût de la main-d'œuvre représente seulement 7% du coût du véhicule, pour quoi couper dans ce 7%?

Qui croire? Un syndicat qui protège les intérêts des employés? Ou des patrons qui essaient de faire le plus de profit possible? Aucun journaliste ne portera l’enquête plus loin puisqu’il n’est pas dans l’intérêt de leurs patrons de vanter les mérites d’un syndicat. Les médias ont plutôt tendance à frapper sur les syndicats quand l’occasion se présente afin d’alimenter une lutte qui se déroule dans la classe moyenne elle-même, une lutte entre les syndiqués et les non-syndiqués. Pendant que la classe moyenne s’entre-déchire, elle n’est pas portée à se révolter contre la classe dirigeante.

Mais prenons un exemple encore plus aberrant, celui d’AbitiBowater. La compagnie est en déroute totale et s’est placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers. Elle planifie également de couper sur les régimes de retraite de ses employés, régimes qu’ils ont, en grandes parties, payés de leurs poches. Pendant ce temps l’ancien PDG de la compagnie, John Weaver, a quitté son poste en janvier dernier en prenant bien soin de se faire voter une prime de 22 millions $, pour à peine quelques mois de travail. Une prime pour quels motifs? Avoir amené la compagnie au bord de la faillite? Ce même John Weaver a empoché 53 millions $ lors de la vente d’Alcan à Rio Tinto. Un rapace de la pire espèce.

Que font les médias pour dénoncer ces magouilles? Rien du tout. Seulement quelques médias indépendants ont dénoncé cette histoire, mais leur influence est malheureusement minime lorsque 95% des médias du Québec sont dirigés par deux puissants groupes de presse dont l’objectif premier est de protéger le cul d’une classe dirigeante corrompue.

13 mai 2009

Fondation (2)

« Or, il n'est pas une usine, pas un centre commercial, pas une compagnie de navigation interstellaire qui ne soit sous ma domination, pas ne des ces entreprises que je ne puisse étrangler si Sutt poursuit sa propagande révolutionnaire. Partout où cette propagande donnera des résultats, ou semblera en donner, je vellerai à ce que la prospérité économique cesse. Là où les efforts de Sutt échoueront, la situation demeurera florissante, car mes usines continueront à tourner normalement.

« Et de même que je suis sûr de voir bientôt les Korelliens se révolter pour retrouver leur confort et leur prospérité, je suis non moins certain que nous ne ferons rien, nous, pour perdre ces mêmes avantages. Par conséquent, il faut jouer le jeu jusqu'au bout.

- C'est donc une ploutocratie que vous voulez instaurer, dit Jael. Vous faites de la Fondation un royaume de commerçants et de princes marchands. Dans ces conditions, que nous réserve l'avenir?... »

L'air soudain lugubre, Mallow s'exclama avec violence : « Qu'est-ce que j'en ai à faire de l'avenir? Nul doute que Seldon a déjà tout préparé, tout prévu en cas de problème. Il se produira d'autres crises quand la puissance de l'argent aura décliné. Comme c'est aujourd'hui le cas de celle de la religion. À mes successeurs de résoudre ces problèmes, comme je viens de régler celui qui nous occupe aujourd'hui. »

Extrait de : Fondation d'Isaac Asimov



Ce nouveau passage de tome un du cycle des fondations d'Asimov est encore une fois très représentatif de notre société occidentale. Après un coup d'éclat orchestré par Mallow, un conseiller discute avec le nouveau « maître » de la fondation à propos de l'avenir de celle-ci. La fondation est en effet maintenant une « ploutocratie », tout comme notre société, notre démocratie étant un leurre. On nous donne l'illusion du choix alors que le peuple est en réalité dans une impasse. Dans tous les contextes, l'argent est le principal élément motivant les choix de notre société, l'argent apportant le confort et la stabilité. Pour cette raison il est très facile de déstabiliser une société aussi dépendante que la nôtre et c'est pourquoi l'indépendance du Québec fait peur à beaucoup de gens, c'est également la raison pour laquelle beaucoup de fédéralistes se plaisent à dire que l'indépendance est un « risque », l'indépendance est, pour eux, un élément perturbateur. Ce sont donc les riches et non le gouvernement qui exerce la plus grande influence sur la population, en contrôlant les médias et en imposant ses pantins au parlement. Il serait très naïf de croire qu'un homme riche n'utilisera pas les outils mis à sa disposition pour s'enrichir davantage.

L'élément le plus intéressant de cet extrait est la déclaration faite par Mallow à la toute fin : « il se produira d'autres crises quand la puissance de l'argent aura décliné. Comme c'est aujourd'hui le cas de celle de la religion. » Il semble que la fondation en est rendue au même point que notre société, la religion est mourante et l'argent sera prochainement sur le déclin. Comme le déclare la fameuse phrase de Nietzsche : « Dieu est mort! », la religion n'est plus ce qu'elle était. La religion n’est aujourd'hui qu'une pure tradition, nous avons tué Dieu pour le remplacer par « rien ». Autrefois la religion apportait des réponses à nos questions existentielles, aujourd'hui la science tente d'apporter des réponses, mais sans succès. Je vais probablement en surprendre plusieurs, mais je crois que la puissance de l'argent est aussi sur le déclin, peut-être de manière imperceptible jusqu'à maintenant, mais si la crise économique se poursuit, il se pourrait fort bien que son déclin se poursuive. Non pas parce que les gens auront découvert que l'argent n'apporte rien de vraiment essentiel, mais plutôt par l'effondrement d'un système économique défaillant. Nous assisterons à son déclin et nous serons forcés de nous adapter.

9 mai 2009

La FN se lance dans la lutte à la pandémie!

Devant faire face à la grande menace du virus de la grippe porcine qui frappe présentement le monde, la FN, toujours soucieuse de la santé de ses lecteurs, vous offrent le guide de purification de votre corps. Grâce à ces quelques étapes fort simples, vous pourrez éliminer germes, microbes et bactéries en un tour de main! Si vous souffrez de symptômes comme des maux de tête, fièvre, toux, diarrhée ou nausée, veillez à accomplir les étapes suivantes le plus tôt possible.

Étape 1
Prenez une barre à savon et coupez-la en deux. Prenez une moitié de savon et enfoncez-le dans votre bouche puis mastiquer bien pour le réduire en petits morceaux, vous pouvez prendre de petites gorgées d’eau pour aider à la mastication. Une fois le savon réduit en une sorte de pâte dans votre bouche, prenez une grande gorgée d’eau et gargariser vous la gorge jusqu’à ce que des bulles sortes de votre bouche. Votre trachée s’en retrouvera alors complètement nettoyée et les risques de propagation du virus lors de vos nausées prochaines s’en retrouveront fort diminués. Prenez l’autre moitié du savon et brulez-le, vous l’avez contaminée lorsque vous l’avez coupée en deux.

Effet secondaire : nausée


Étape 2
Prenez un verre à « shooter » et remplissez-le à moitié d’eau de Javel et l’autre moitié de M. Net. Ajouter une pincée de sucre pour le goût ou une pincé de sel, tout dépend si vous êtes sucré ou salé! Buver votre « shooter » d’un seul coup. Cette étape aura pour fonction de purifier tout votre système digestif. Il se peut fort probablement que le processus soit accompagné de vomissement ou de diarrhée, ne vous inquiétez pas, c’est le méchant qui sort.

Effet secondaire : brulure d’estomac, nausée, diarrhée, malaise gastrique et affaissement du scrotum


Étape 3
Cette étape a pour but de nettoyer vos fosses nasales et vos voies respiratoires. Prenez du savon à lave-vaisselle en poudre et étendez de la poudre sur une table. À l’aide d’un couteau, faites une rangée bien droite d’une longueur d’environ 8 pouces. Prenez une paille, enfoncez-la dans l’une de vos narines et bouchez l’autre narine. Inspirer profondément et aspirer rapidement la poudre à l’aide de votre paille. Ce procédé peut occasionner des hallucinations, il sera donc plus facile de convaincre vos adolescents en manque d’émotions fortes de la pratiquer, n’hésiter pas à utiliser cet argument. Il se peut que vous ressentiez des brulures dans vos voies respiratoires, c’est tout à fait normal, c’est l’œuvre des produits chimiques. Il s’agit du principe de la guérison par le feu, principe développé par Rambo en personne.

N.B. La paille n’est pas obligatoire. Vous pouvez aussi utiliser un carton de rouleau de papier de toilette ou un boyau d’arrosage de jardin.

Effet secondaire : hallucination, évanouissement, sensation de brulure, destruction permanente du sens de l’odorat


La FN est bien consciente des dangereux effets secondaires de ces méthodes drastiques, mais nous croyons qu'un citoyen responsable se doit de faire des sacrifices afin de lutter contre cette menace mondiale qui pourrait faire des millions de victimes.

Ce guide a été réalisé grâce à la contribution de la compagnie pharmaceutique Merck Frosst. Merci à Merck Frosst de se soucier de la santé des Québécois.

6 mai 2009

Rémunération des hauts dirigeants - Michaud veut un salaire maximum

«Les salaires exagérés et démentiels sont une forme de pillagede l'avoir des actionnaires», croit le fondateur du MEDAC

Les hauts dirigeants des grandes entreprises touchent des rémunérations «himalayennes» et il est plus que jamais temps de leur imposer des limites, affirme le fondateur du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires. Au gouvernement d'agir.

Yves Michaud n'a absolument pas fini d'en découdre avec les grandes entreprises. Cette fois-ci, il espère lancer un débat sur l'imposition d'une «rémunération maximale» des grands dirigeants de celles-ci, à l'instar de celui mené par différents économistes et intellectuels français. Et selon lui, ce sera aux élus de leur forcer la main en légiférant.

«Il faut maintenir, dans l'opinion publique, le débat sur les rémunérations absolument pharaoniques, excessives, himalayennes, outrageantes, indécentes -- choisissez le terme que vous voulez -- des dirigeants d'entreprise, qui ne sont pas au service des actionnaires, mais plutôt à leur service à eux», lance-t-il d'entrée de jeu en entrevue au Devoir.

«Les salaires exagérés et démentiels sont une forme de pillage de l'avoir des actionnaires, en plus de donner un fort mauvais exemple, soutient le fondateur du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MEDAC). Dans la majorité des cas, c'est de l'enrichissement sans cause.»

Une situation déplorable rendue possible grâce à la complicité des conseils d'administration, «qui servent d'estampilles à caoutchouc, qui sont complaisants et qui sont au service de la direction, alors qu'ils sont élus pour défendre les intérêts des actionnaires».

Insistant sur le fait qu'«on ne peut se fier aux conseils d'administration», M. Michaud propose plutôt de lancer «une pétition gigantesque» qui permettrait de faire pression sur la classe politique, au point de forcer le gouvernement du Québec à légiférer en la matière. Il suggère ainsi, par exemple, que tout revenu excédant un million de dollars soit imposé à 90 %.

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Il faut des riches pour pouvoir créer de la richesse et si le gouvernement du Québec approuve ce type de loi alors les riches fuiront le Québec et nous serons tous pauvres! Voilà le type d'argument que soulèvent ceux qui sont contre cette demande. Si les richesses naturelles du Québec profitaient aux Québécois, au lieu de profiter à une élite corrompue et souvent étrangère qui n’a rien à foutre des intérêts du Québec, nous n'aurions pas ce problème. S'il doit y avoir un meilleur partage des richesses, ce doit être entre les travailleurs et non entre les actionnaires. Si les travailleurs ont plus d'argent, ils ont un meilleur pouvoir d'achat et peuvent donc faire rouler l'économie, mais encore faut-il que cette économie soit viable et une économie dont le seul et unique objectif est le profit n'est PAS viable.

27 avr. 2009

Alerte mondiale à la grippe porcine

La grippe porcine, qui aurait fait jusqu'à 103 morts au Mexique, s'étend à d'autres pays, faisant craindre aux autorités sanitaires mondiales une pandémie humaine. Épargnés jusqu'ici, les États-Unis et le Canada comptent leurs premiers cas de personnes atteintes par le virus H1N1.

Au Mexique, foyer de l'épidémie, le virus a causé 20 décès avérés sur un total de 103 «probables». Plus de 1600 malades ont été mis sous surveillance médicale. Le maire de Mexico, Marcelo Ebrard, a annoncé hier cinq nouveaux décès, sans préciser s'ils avaient déjà été comptés dans les «probables».

Mexico et ses 20 millions d'habitants ont suspendu toutes les activités prévues hier pour tenter de stopper la contagion. Marcelo Ebrard a souligné que la capitale était maintenue en «alerte maximale». «Les jours qui viennent vont déterminer s'il est possible de contenir la progression de l'épidémie», a-t-il affirmé dans une allocution télévisée. Des millions de Mexicains restent donc cloîtrés chez eux pour échapper au virus. Les autorités ont appelé à éviter les réunions publiques. Après avoir annoncé la fermeture des écoles, lycées, universités, théâtres et musées, M. Ebrard a déclaré celle des deux grands zoos municipaux. La municipalité va aussi s'assurer de la fermeture des bars et des discothèques, et les tribunaux de Mexico ne siégeront pas la semaine prochaine, a-t-il ajouté. L'Église catholique a annulé les messes du dimanche dans la capitale. Le cardinal de Mexico a célébré une messe à huis clos dans la cathédrale, retransmise à la télévision.

Le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, et le ministre mexicain des Finances, Agustin Carstens, ont annoncé hier que l'institution prêtait 25 millions de dollars au Mexique pour lutter contre l'épidémie de grippe porcine. «La Banque mondiale va nous prêter assistance. Nous obtenons un prêt immédiat de 25 millions de dollars pour l'acquisition de médicaments, d'équipement médical», a déclaré M. Carstens lors d'une conférence de presse à l'issue de la réunion du Comité de développement de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Ce prêt vise «à s'occuper des besoins les plus immédiats du pays», notamment pour améliorer le diagnostic, selon Agustin Carstens. La Banque mondiale va par ailleurs prêter, à plus long terme, 118 millions de dollars au Mexique pour améliorer ses infrastructures de santé.

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20 décès sur une population de 20 millions, ce qui fait 0,00001% de la population décédée de la grippe porcine. C'est une situation vraiment inquiétante en effet! La grippe tue des personnes âgées ou des personnes ayant un système immunitaire affaibli par une autre maladie tous les jours, ce n'est pas un phénomène nouveau. La grippe aviaire, le virus du Nil, la maladie de la vache folle et maintenant la grippe porcine, comment pourrons-nous lutter contre toutes ces menaces? En fait, les pandémies sont causées par le manque d'hygiène des animaux, nous devrions tous les aseptiser! On ne les bourre pas encore assez de vaccins et d'antibiotiques ces pauvres cochons, augmentons la dose! En plus, ça permettra de faire rouler l'économie et les compagnies pharmaceutiques, qui en arrachent à cause de la crise économique, pourront avoir un petit « sideline » pour se sortir de la misère.

Quelle grande générosité de la part de la Banque mondiale, un PRÊT de 118 millions! À quel taux d'intérêt?

23 avr. 2009

Fondation (1)

Q. (avec amphase) - Vous rendez-vous compte, docteur Seldon, que vous parlez d'un Empire qui existe depuis douze mille ans, qui a victorieusement subi le passage des générations et qui bénéficie de la confiance et du dévouement de milliards d'êtres humains?

R. - J'ai pleinement conscience du statut actuel de l'Empire ainsi que de son histoire passée. Sans vouloir blesser personne, je prétends connaître mieux la question que n'importe qui ici présent.

Q. - Et vous prédisez sa ruine?

R. - C'est une prédiction qui se fonde sur les mathématiques. Je ne porte aucun jugement moral. C'est une perspective que je trouve, pour ma part, fort regrettable. Quand bien même on admettait que l'Empire fût une mauvaise chose (ce dont je me garde bien), l'état d'anarchie qui suivrait sa chute serait pire encore. C'est cet état d'anarchie que mon projet se propose de combattre. Mais la chute d'un empire, messieurs, est un événement considérable, fort difficile à combattre. Elle est la conséquence inévitable du développement de la bureaucratie, de la disparition de l'esprit d'initiative, du durcissement du régime des castes, de la perte du sentiment de curiosité..., de mille autres causes possibles et imaginables. Ce phénomène est à l'oeuvre, comme je vous l'ai dit, depuis des centaines d'années et c'est un mouvement d'une ampleur trop considérable pour qu'on puisse songer à l'arrêter.

Q. - N'est-il pas évident aux yeux de tous que l'Empire n'a jamais été aussi fort?

R. - C'est bien là ce qui vous trompe : cette force n'est qu'apparence. On pourrait croire que l'Empire est éternel. Et pourtant, monsieur le procureur, jusqu'au jour où la tempête le fend en deux, un tronc d'arbre pourri de l'intérieur vous semblera plus solide que jamais. L'ouragan souffle déjà sur l'Empire. Prêtez-lui l'oreille d'un psychohistorien, monsieur le Procureur, et vous entendrez craquer les branches de l'arbre.

Extrait de : Fondation d'Isaac Asimov, pp. 48-49



Dans cet extrait du premier tome du cycle des fondations d'Asimov, on y retrouve un « psychohistorien » expliquant pourquoi la chute d'un empire vieille de douze mille ans est inévitable. Il est intéressant de comparer cet univers imaginaire créé par Asimov avec le monde réel dans lequel nous vivons. L'Empire peut alors être comparé à l'Occident, certains diront probablement « seulement les États-Unis », mais je crois que les signes démontrant la chute d'un empire sont présents partout en occident et pour cause, puisque les pays formant l'Occident ont beaucoup de points en communs. Les États-Unis en étant simplement le point névralgique et le symbole le plus puissant.

Les « psychohistoriens » imaginés par Asimov sont en quelque sorte des mathématiciens qui, à l'aide de formules mathématiques, sont capables de prédire l'avenir selon des taux de probabilité. Les mathématiques étant une science sure, Asimov a probablement voulu donner plus de crédibilité à son personnage grâce à la rigueur scientifique. Un scientifique doit prouver ses dires, et les « psychohistoriens » prouvent leurs prédictions grâce aux mathématiques. Asimov savait fort probablement qu'un historien par exemple, en se basant sur des faits du passé, peut facilement énoncer une hypothèse sur le futur d'un peuple, mais ceci reste hypothétique alors que le « psychohistorien » lui est totalement objectif et il n'a nullement besoin d'avoir recours à la morale puisque les chiffres n'en possèdent pas. C'est ce qui fait la force du personnage imaginé par Asimov. Or, dans la réalité, ce type profession n'existe pas, les intellectuels ne sont donc généralement pas pris au sérieux lorsqu'ils prédisent la fin d'un Empire, il est impossible pour eux de prouver hors de tout doute leur hypothèse. Il est également plus facile de les discréditer puisque leurs hypothèses sont souvent basées sur des jugements moraux.

Par contre, Asimov fait appel au jugement du lecteur lorsqu'il écrit ceci : « Elle est la conséquence inévitable du développement de la bureaucratie, de la disparition de l'esprit d'initiative, du durcissement du régime des castes, de la perte du sentiment de curiosité..., de mille autres causes possibles et imaginables. » Il n'y a pas de mathématiques dans cette phrase, c'est le jugement que fait Asimov d'une société sur le déclin. D'un point de vue logique personnel, je suis d'accord avec lui et il est très intéressant d'appliquer ces points sur notre société. Le mot « bureaucratie » est très souvent employé à tord, un bureaucrate étant « un employé imbu de son importance et abusant de son pouvoir sur le public », méfier vous de ceux qui utilisent ce mot pour désigner tous les employés de l'État. Asimov montre du doigt les individus qui abusent de leurs pouvoirs et ces bureaucrates sont un frein au développement d'une société saine, ce sont des êtres égoïstes et j'ai bien peur que notre gouvernement en soit rempli, notre premier ministre et nos députés en sont un bel exemple.

« La disparition de l'esprit d'initiative » et « la perte du sentiment de curiosité », ces deux points se rejoignent beaucoup, l'un pouvant être la conséquence de l'autre. Un être humain dénué de curiosité vient de diminuer considérablement ses chances d'avoir de l'initiative. Il est très facile d'observer la perte du sentiment de curiosité dans notre société, par exemple comparer les cotes d'écoute de la « Poules Aux Oeufs d'Or » à celle de l'émission « Découverte » ou les ventes d'un livre d'Hubert Reeves comparativement aux ventes des billets des Canadiens de Montréal ou encore le nombre de personnes visitant le site web du journal « Le Devoir » comparativement à ceux utilisant internet pour jouer à des jeux en ligne. Si ces exemples ne vous ont pas convaincue, je peux vous en sortir beaucoup d'autres.

Le point sur le « durcissement du régime des castes » quant à lui est un point un peu plus complexe, il faudrait écrire un texte là-dessus, mais je peux tenter de résumer le tout en quelques lignes. Notre société est séparée en plusieurs castes, les riches, les pauvres et la classe moyenne, cette dernière étant constitué du plus grand nombre d'individus. Pour qu'une société comme la nôtre puisse fonctionner, il faut que la classe moyenne vive dans des conditions acceptables afin qu'elle ne soit pas poussée à la révolte. Le durcissement du régime des castes se traduit pour nous par un plus grand écart entre les riches et les pauvres et il semble que la classe moyenne en Occident soit de plus en plus pauvre, ceci étant dû à l'inflation. De plus, les pauvres (les sans-emplois ou ceux ayant un très faible revenu) sont de plus en plus nombreux. Le sentiment de révolte augmentera au même rythme que l'écart entre les riches et les pauvres s'accroit.

Je continuerai mon analyse de l'oeuvre d'Asimov prochainement!

22 avr. 2009

L'Hiver De Force (2)

C'est notre dernière nuit ici : last time. On emportera rien. Le chat, si Nicole y tient à tout prix, mais moi ça ne me fait rien. Maintenant que notre coquille est détruite, qu'on est à un pas d'être partis des lieux et des objets où les jeux de l'habitude avaient tissé des toiles où faire courir des idées et des sentiments, maintenant qu'il ne reste plus rien de ça, on peut le dire sans se tromper : il n'y avait rien, IL N'Y A RIEN tout court. En vidant l'appartement, on s'est vidés. Et là on voit, on sait, avec force, comme tout nus dans la neige, que ce qu'on est vraiment c'est un vide (un vrai vide, un qui aspire, un vacuum), que ce vide garde tout le temps sa force de vide, sa faim douloureuse, que ça dévore tout à mesure, nous avec, que pour qu'il marche bien (et qu'on marche bien nous aussi) il ne faut pas qu'il soit obstrué... comme quand tu essaies de te cramponner à l'ouverture pour te garder (ta vertu, ta jeunesse, ton idéal, ta réputation, ta personnalité). On a trouvé qu'on est un vide qui se refait, que c'est ça notre sens, et on est contents.

Ce dernier paragraphe est très pédant et, qui pis est, n'a rien à voir ou presque avec ce qui a vraiment eu lieu. On était en train de déchirer nos fascicules d'Alpha, si tendrement acquis, lus, conservés, reliés. Nicole était au bord des larmes :
- La, ça y est, il nous reste plus rien...
J'ai répondu, à tout hasard, pour la rassurer :
- Voyons voyons, il nous reste... ce qu'on va faire.
- Qu'est-ce qui va rester après ce qu'on va faire... ?
- Si on le jette encore, si on s'accroche pas, si on s'en souvient même plus, il va encore rester rien. C'est-à-dire qu'il va rester encore toute la place, c'est-à-dire notre pleine liberté...

Extrait de : L'hiver De Force De Réjean Ducharme, pp. 176-177



Dans ce 2e extrait de L'Hiver de Force André et Nicole vident leur appartement, car ils n'ont plus d'argent pour payer le propriétaire. C'est en fait plus que leur appartement qu'ils vident, dans ce court moment de lucidité André prend conscience de l'insignifiance de son existence, insignifiant parce qu'il est vide. Il est plus que vide, il EST le vide et il EST l'insignifiance. Certains d'entre vous me répondront que la vie de chacun de nous est insignifiante et vous avez probablement raison, c'est une belle manière de mettre tout le monde au même niveau, tous égaux et unis dans la médiocrité. La croyance de croire en rien (belle contradiction), ou de croire que rien n'a de signification semble avoir la fâcheuse conséquence de transformer une personne en véritable loque humaine, allez donc savoir pourquoi! C'est une vie bien morne qu'une vie pleine de vide.

La réflexion d'André me fait beaucoup penser au nihilisme, ou à une démarche nihiliste. Le nihilisme selon Nietzsche, c'est-à-dire avoir le courage de détruire ce que l'on croit être vrai et indéniable, la destruction des idées dans lesquelles nous sommes confortables afin de pouvoir se questionner et se remettre en question. La vie, les choses et même les personnes qui nous entourent possèdent seulement la signification qu'on leur donne, André est dans cette étape où il remet les compteurs à zéro, il reste seulement à savoir si les compteurs resteront à zéro, donc s'il continuera à vivre sa vie dans le vide. Le vide a quelque chose de réconfortant, il nous permet d'être détaché de tout, y compris de notre propre vie, rien ne nous touche, rien ne peut avoir une emprise sur sois, mis à part cette obsession du RIEN ou, si vous préférez, du VIDE.

8 avr. 2009

Nos Amis Les Politiciens



Un récent sondage paru dans le Journal de Québec révélait que 6% des sondés ont confiance aux politiciens. 6%!! Le résultat peut sembler surprenant à priori, mais après réflexion il ne l'est pas du tout, c'est simplement le résultat que mérite nos chers élus. C'est à se demander comment ils ont fait pour se faire élire, beaucoup de personnes ont dû voter pour des députés en qui ils ne font pas confiance! Ceci s'explique peut-être par cette mentalité : « Je ne fais pas confiance en Charest, mais j'ai confiance en mon député. » Si ce député est libéral, ce raisonnement ne tien pas la route, un vote pour un député libéral équivaut à un vote pour Charest, il est le chef de ce parti et les députés doivent lui obéir! De plus, ce député libéral fait partie de la même clique, il doit donc obéir à une ligne de conduite et il serait naïf de croire qu'il ne pratique pas le même type de politique.

Lorsque j'en faisais part à mes collègues de travail il me répondait généralement quelque chose comme : « Normal s'toute une gang de bandits ». Je suis bien d'accord avec eux, les politiciens d'aujourd'hui n'inspirent aucune confiance aux citoyens, au contraire ils inspirent la méfiance. Par exemple, lorsqu'on écoute un politicien en entrevue notre premier réflexe est-il de faire tout notre possible pour ne pas se laisser berner ou est-il de se dire que cet homme est un grand orateur avec de grandes idées? Il y a par contre un effet pervers à tout ceci, qu'arrivera-t-il le jour où un politicien compétent tentera de venir percer cette carapace que nous nous sommes faite, la population est tellement désillusionnée qu'elle ne prend même plus le temps de les écouter, les mettant tous dans le même panier. Pire, le cynisme a atteint un tel niveau qu'une grande majorité ne s'intéresse plus du tout à la politique, même si elle joue un grand rôle dans nos vies. Que nous le voulions ou non, les décisions que prennent nos élues ont une influence sur tout ce qui touche notre quotidien et les politiciens corrompus se nourrissent du cynisme et de l'ignorance d'une population complaisante ou fataliste. Elle devient complice par son inaction et son mutisme.


3 avr. 2009

Le G20 s'achève sur un accord salué comme un "tournant" historique

Ils ont en particulier décidé de tripler les ressources du Fonds monétaire international (FMI) à 750 milliards de dollars, d'autoriser le FMI a émettre des Droits de Tirages spéciaux (DTS) pour 250 milliards de dollars et à vendre de l'or, parmi des mesures représentant un total de 1.100 milliards de dollars.

Le Premier ministre britannique Gordon Brown a considéré que ce sommet marquait la naissance d'un "nouvel ordre mondial", et "le jour où le monde s'est mis ensemble pour combattre la récession".

"Nous partons du principe que la prospérité est indivisible que la croissance pour être durable doit être partagée (...). Nous pensons que la seule fondation sûre d'une mondialisation soutenable et l'augmentation de la prospérité pour tous est une économie ouverte fondée sur le principe de marché, une régulation efficace et des institutions mondiales solides", affirme le communiqué.

Le président américain Barack Obama, qui effectuait ses premiers pas officiels en Europe et qui a été la star de cette réunion, a considéré que le sommet avait été "très productif", et constituait un "tournant dans notre recherche de la reprise économique".

Tous deux ont obtenu la publication par l'OCDE d'une liste des pays considérés comme paradis fiscaux qu'ils réclamaient. Selon M. Sarkozy, cette liste devait être rendue publique dans la soirée de jeudi.



« Un nouvel ordre mondial », « un tournant historique », nos dirigeants ont vraiment des idées géniales, dans cinquante ans les livres d'histoires de nos petits enfants possèderont une section qui aura pour titre : « Le tournant historique le plus insignifiant de l'humanité : Un nouvel ordre mondial se distribue les ressources de la planète ». Nous allons injecter plus de milliards afin de nourrir ce système monétaire dysfonctionnel jusqu'à ce que le monstre que nous avons créé explose. Nous allons retrouver des morceaux dégoulinant de sang jusqu'en Russie orientale, les enfants pauvres de l'Afrique pourront s'en nourrir et ainsi vivre sans souci durant une bonne année, le temps de se refaire une santé.

Que dire de la liste des paradis fiscaux! L'idée est révolutionnaire! En effet, les riches épargnants totalement ignorants de la réalité économique mondiale et ne possédant donc pas les connaissances nécessaires pour découvrir ces paradis fiscaux ultras bien cachés pourront maintenant en profiter! Merci à Sarkozy d'avoir fait révélé ce secret de polichinelle! Un grand homme!

29 mars 2009

Dans la catégorie : Source D'inspiration

On s'est levés au milieu de l'après-midi. On serait restés couchés mais ça faisait une heure qu'on avait envie de pisser; on n'était plus capable de se retenir.

On a regardé dehors. Il n'y avait rien, sauf le printemps, et il ne faisait rien. On a lavé la vaiselle. Il n'y en avait pas beaucoup; ça a été vite fait. Avant, quand il ne nous restait plus rien à faire, on se creusait la tête. « C'est effrayant, la vie est entrain de nous passer sous le ney. » Maintenant on s'assoit et on reste assis tranquilles en priant le bon Dieu que ça ne change pas. « On est donc bien! » On s'est dit que ce qui nous passe sous le nez ne nous passe pas à travers le coeur. Et on s'est crus.

Nous avons parlé pour ne rien dire. Rien n'est meilleur que la vivacité de l'attention que Nicole porte aux niaiseries que je dis; et l'obligation de la reconnaissance fait que Nicole peut dire ensuite toutes les siennes sans être interrompue. Quand on manque d'inspiration, on ouvre le TV-Hebdo à la page du jour et on démolit les acteurs des films annoncés. Que c'est des plus putains que leur cul, qu'il n'y a que la gloire et l'argent qui compte pour eux, que c'est de leur faute s'il n'y a plus d'amour, que c'est eux qui l'ont dégradé en embrassant n'importe qui devant tout le monde pourvu que ça paie ou que ça les fasse connaître... Toutes ces affaires-là...

Le bon, le meilleur et le mieux c'est rien. Reste assis là et nie tout : le cigare entre tes dents, le jour dans tes yeux, la peau sous tes vêtements. Nie, nie, nie et recueille-toi comme une bombe dans chacun de tes non, et ne t'arrête jamais d'être sur le point d'éclater, et n'éclate jamais.

Extrait de : L'hiver De Force De Réjean Ducharme, pp. 30-31



Ce court passage d'un roman de Réjean Ducharme me parle beaucoup. Il raconte l'état d'esprit d'André qui est le narrateur de ce passage. J'aimerais vous faire mon interprétation de ce passage, il peut en exister plusieurs, mais voici la mienne...

André aime que les choses lui passent « sous le nez » parce que, de cette manière, elles ne lui passent pas « à travers le coeur ». En d'autres mots, ils n'osent pas s'impliquer dans quoi que se soit parce qu'il a peur de se blesser. Il en rajoute dans le troisième paragraphe, car non seulement André ne s'implique dans rien, mais par-dessus le marché, il avoue passer ses temps libres à discréditer se que les autres font. Mon but ici n'est pas de défendre les acteurs, mais de démontrer un point. Lorsque vous accomplissez quelque chose n'oubliez jamais qu'il se trouvera toujours quelqu'un quelque part pour vous critiquer, c'est un fait indéniable simplement parce qu'il existe plusieurs manières de faire une chose et qu'il n'existe pas de manière parfaite de faire une chose, MAIS le fait est que VOUS vous accomplissez quelque chose et c'est probablement ce qui rend la plupart de vos détracteurs agressifs, vous aurez accompli ce qu'ils n'ont jamais eu le courage d'accomplir. C'est particulièrement vrai dans le cas d'André qui est, jusqu'à ces pages de ce livre, l'exemple typique du bon à rien ne possédant aucune estime de soit.

Le dernier paragraphe de cet extrait est ce qu'il y a de plus beau de Réjean Ducharme, une phrase assassine. Il démontre toute la frustration que doit vivre un homme qui nie tout et qui ne fait rien. Toujours sur le point d'exploser comme une bombe à retardement dont le compteur se remet à dix lorsqu'il est rendu à zéro. L'acte ultime d'une bombe n'est-il pas son explosion? Ne serait-il pas frustrant d'être une bombe sans ne jamais pouvoir accomplir l'acte pour lequel nous sommes conçues? Cette bombe amorcée par son impuissance et sa frustration n'éclatera jamais, car André est incapable d'initiative. Il vivra donc frustré jusqu'à la fin de sa pathétique existence.

16 mars 2009

Produits du phoque : L'interdiction paraît inévitable

Rien ne semble freiner l'interdiction de la vente de tous les produits dérivés du phoque en Europe. Une majorité de députés de l'Union européenne s'apprête à voter pour cette interdiction. Le vote se tiendra en séance plénière au début avril.

Entre-temps, les partisans de cette chasse et les opposants redoublent d'ardeur pour défendre leur point de vue respectif.

« On vit aussi avec ces animaux. On a besoin de ça. Ça fait partie de mon industrie. Ça fait partie de mon travail, de ma vie, de mon quotidien. C'est pourquoi je ne comprends pas qu'aujourd'hui, en 2009, on soit encore rendu à se poser des questions », affirme Réjean Lévesque, dirigeant de l'atelier de fourrure de l'entreprise J. B. Laliberté, à Québec.

En Europe, Christophe Marie, de la Fondation Brigitte Bardot, accentue la pression sur les parlementaires européens pour interdire l'importation des produits dérivés du phoque.

« Ce ne sont pas que des produits de consommation, d'amusement. Ce sont des êtres sensibles, des êtres vivants. Les massacres qui se perpétuent doivent être dénoncés », soutient Christophe Marie.

D'autres Européens tentent de renverser la vapeur, dont Yves Lecocq, secrétaire général de la Fédération européenne des chasseurs.

« Convaincre une majorité des députés à voter entièrement contre la proposition de la commission, ce n'est pas réaliste. Le vote va se faire sur une position idéologique extrême qui ne tient pas compte des connaissances techniques et scientifiques en la matière, et ceci est d'un point de vue démocratique regrettable », déclare M. Lecocq.

Yves Lecocq croit aussi que l'adoption d'un tel règlement ouvre la porte à d'autres interdictions qui toucheront d'autres chasses et d'autres industries.

Lien



Peut-être que si les phoques étaient amenés à des abattoirs et qu'ils étaient abattus à coup de 2000 par jours il n'y aurait pas de problème. Du sang sur la neige bien blanche d'une banquise éclairée par les rayons du soleil printanier bien à la vue de tous sur l'océan paisible c'est beaucoup plus violent que du sang sur du ciment dans une pièce sombre d'un abattoir industriel. Le phoque a aussi la chance d'être beaucoup plus jolie qu'une grosse truie avec de grosses mamelles poilues pendouillâtes.

Ces vedettes «activistes» (HAHAHAHA!) en quête de notoriétés, comme Brigitte Bardeau d'asphalte, utilisent la pitié pour faire monter leur cote de popularité, ce n'est rien d'autre qu'un coup de marketing dont les pêcheurs du Québec font les fraie. Je les entends déjà dire «Oui, mais le cochon sert à se nourrir alors que le phoque sert à faire des articles de modes qui ne sont pas réellement nécessaires.» Hey bien! qu'attendez-vous pour faire bannir tout les produits issus de la chasse et qui ne sont pas nécessaire? Il y en a beaucoup, vous savez. Voulez-vous une liste? Non?

Pourquoi ne pas faire un peu d'humanisme? Qu'attendez-vous pour faire bannir les articles issus de l'exploitation des enfants dans les pays du tiers-monde? Allez! Attaquez-vous à ces grandes multinationales! Pourquoi s'en prendre à ces pauvres pêcheurs qui se retrouveront sans le sou? Oui, je sais, ils sont une cible facile et moins puissante qu'une compagnie minière qui exploite l'Afrique, mais un peu de courage voyon!

14 mars 2009

Vidéo sur les événements récents de la CDPQ




«Je suis un irresponsable» de dire John Charest.
«Je ne peux m'immiscer dans les affaires de la caisse qui est l'institution publique économique la plus importante du Québec» de dire la ministre des Finances, Monique «Face de Joker» Gérôme Forget.
«Je ne pouvais prévoir que la crise économique serait aussi importante et que le papier commercial irait si mal!» de dire Henri Paul Rousseau, spécialiste en économie et détenteur d'une superbe prime de départ et d'un nouvel emploi chez Power Corporation pour services rendus.
«Je connais très bien nouveau président de la Caisse de dépôt et de placement car j'ai travaillé avec lui lorsque j'étais dans le cabinet de Mulroney. Je suis confiant, il fera du très bon travail même s'il a échoué lamentablement et presque ruiné BELL, tout en s'accordant des salaires astronomiques. Je rends simplement service à un copain qui est aussi un grand copain de mon patron.» De dire John James Charest à propos de Michael Sabia, nouveau président de la CDPQ.
«Tout va très bien madame la marquise» de dire Paul Desmarais et ses vautours.

Est-ce qu'il s'en trouve encore pour traiter de paranoïaques ceux qui accusent notre gouvernement de corruption?

9 mars 2009

Ludovic le cochon, Épisode 1


Ses deux énormes crocs ornant sa mâchoire inférieure fourrageaient farouchement le sol humide, comme il est bon de fouiller la terre après la pluie et sentir la fraîcheur envahir notre gros museau d’cochon. Comme il est bon d’être cochon! On peut s’adonner à la cochonnerie sans remord ni remarque de ses comparses cochonnets! Oh oui, ces moments rares et précieux où on peut voir la vapeur s’élever de la terre détrempée chauffée au soleil. Ahhh cette senteur de terre noire! Si le passé à une odeur, c’est celle-ci, une odeur de réconfort qui nous dit «nous étions là avant vous». Labourer la terre chaude avec sa gueule a quelque chose de transcendant, un sentiment qui vous pogne par les tripes et vous les remontent jusqu’au fond de la gorge, vous savez cette petite boule d’émotion qui veut vous faire exploser le gorgoton? Ludovic la sent bien cette petite boule et il fourrage le sol avec force et bonheur de sa gueule et de ses sabots, quand quelque chose vint frapper sa conscience, une chose bien simple, mais oh combien de fois oubliées. Trop souvent oubliée… La terre porte la marque du passé et souhaite toujours la bienvenue au changement.

En extirpant ainsi du sol les racines de nombreuses plantes présentent autour de lui, Ludovic s’imagine ces racines se transformant sous ces yeux en un réseau ou une toile de pensées, la toile de ses comparses cochonnets, ces pensées enfouies au plus profond d’une conscience commune. Ces pensées sont porteuses de leur histoire, elles s’enracinent bien profondément en eux, à partir de leurs entrailles jusque dans chacune des synapses de leurs cervelets. Elles sont la source nourricière de leur identité, elles permettent de répondre à des questions cruciales pour un être doté d’intelligence et conscient du passage du temps : «Qui suis-je?», « D’où vins-je?» et surtout, « Où vais-je? ». Ludovic voit maintenant ces racines qui prennent source dans son être et sont reliées à chacun des cochons l’entourant, certain d’entre eux ont des racines moins fortes, moins grosses, moins développées, d’autres possèdent un réseau de racine encore plus développé que le sien, mais chaque cochon détient ce potentiel, les racines ayant seulement besoin d’un peu d’eau fraîche.

Un souvenir bien précis vient alors en tête de notre cochonnet, les histoires que lui racontait son grand-père, des histoires sur ses ancêtres. Il voit maintenant l’image de son grand-père au physique tout rabougri, une coulisse de morve pendait souvent de son groin, son visage couvert de rides qui rappel l’image d’une prune pourrit dont la peau jadis rougeâtre et lisse s’est maintenant transformée en marron, une prune bien molasse et ratatinée. Son grand-père possède toute foi une lueur au fond des yeux, bien sombre et difficile à discerner dans ses yeux bruns foncés, mais elle est tout de même là, la lueur bien discrète de la sagesse, l’ont pouvait la voir seulement en regardant bien profondément dans ces yeux imposants. Bien des cochons baissaient la tête devant son grand-père et petit cochon sait bien pourquoi, la sagesse a quelque chose d’imposant. Notre petit cochon aime bien les histoires que lui racontait son grand-père, parfois des exploits ou des défaites de ses ancêtres, d’autres fois, des mythes et légendes transmises de génération en génération. Chacune de ces histoires sont porteuses d’une leçon à retenir et d’enseignements qui lui permet de savoir pourquoi les choses autour de lui sont ainsi faites et se que chaque cochonnet a en commun avec lui, une mémoire commune et rassembleuse qui permet de se dire : « Voilà ce que tous ensemble nous avons vécu. » Ce sentiment est enfoui au plus profond de nos entrailles et allez jouer dedans peut parfois s’avérer être au départ douloureux, mais devient à la longue un baume apaisant issu de notre compréhension de notre identité. On peut aussi choisir de se couper ses propres entrailles pour en extirper les racines et les jetés au feu, mais l’exercice devient très vite aliénant. Ludovic l’observe trop souvent chez certain de ses comparses cochonnets qui affichent ouvertement leur ignorance face à l’histoire et qui en ont cures. Il en fait peu de cas, Ludovic n’aime pas perdre son temps avec des cochonnets non désireux d’apprendre, par contre, à l’image de son grand-père, il adore répandre ses connaissances.

Notre cochon continue donc de fourrager le sol tout en étant perdu dans ses pensées, quand son museau heurte tout à coup violemment une pierre qui sort à peine du sol, cachée par les amoncellements de terre noire qu’avait causés sa grande voracité. Ludovic est un cochon solide sur ses quatre pattes et, bien qu’il soit très chancelant, il réussit tant bien que mal à ne pas perdre l’équilibre, il peut par contre sentir son museau s’engourdir à mesure qu’il prend des inspirations, se qui provoque, bien malgré lui, de gros écoulements de larmes le long de son visage. Son orgueil venait d’en prendre un coup et il se doit par conséquent de faire payer son injure à cette maudite pierre! Il entreprend donc de creuser autour de la pierre à l’aide de ses petites pattes. De bon cœur et férocement, il laboure frénétiquement le sol de ses deux pattes avant et la terre vole littéralement en prenant le passage entre ses deux petites pattes arrière. Son projet est de déterrer cette sale pierre, de la faire rouler jusqu’à la falaise et, vous l’aurez deviné, de l’envoyer débouler tout en bas afin de la voir s’éclater en morceaux sur le gravier. Le creusage va bon train, mais Ludovic se rend bien vite compte que la pierre est beaucoup plus grosse qu’il n’en parait. Le bout de pierre qui dépassait du sol n’était que la pointe de l’iceberg, mais il continue tout de même ses travaux d’excavations, après tout il possède les atours d’une tête de cochon et il a la certitude que voir cette roche s’éclater au bas de cette falaise serait une belle récompense pour ses efforts. Ce n’est qu’à bout de force, après avoir creusé pendant se qui lui semble être une éternité, que cochonnet est forcé de renoncer! Les muscles en feu, les pattes de devant écorchées, il s’avoue vaincu! La pierre avait eu le dessus sur sa ténacité et il pensa au fond de lui-même : « Peut-être que certaines choses refusent tout simplement de changer… »

21 févr. 2009

Affaire 1759: une mise au point du RRQ

Lettre ouvert de M. Patrick Bourgeois du RRQ en réponse aux médias fédéralistes, au PQ et à leurs récentes sorties suite à l'histoire des plaines d'Abraham.

Depuis quelques jours, on tente de me faire payer très cher la victoire que nous avons obtenue, nous du Réseau de Résistance du Québécois, contre la Commission des champs de bataille nationaux (CCBN) et le Canada, dans le dossier de la reconstitution de la bataille des plaines d’Abraham. Je sais que ceux d’en face, nos adversaires les plus acharnés, n’ont toujours pas digéré qu’une petite organisation indépendantiste ait fait reculer l’État canadien et ses institutions de propagande.

Maintenant, la colère de nos adversaires fédéralistes et leurs courroies de transmission médiatique est telle qu’ils sont en train de complètement déconstruire – pour mieux le réinventer- le discours que le RRQ a articulé dans ce dossier. Ils tentent de me faire passer pour un véritable Ben Laden québécois, le couteau entre les dents et impatient de passer à l’exécution de nos ennemis. Évidemment, tout cela est complètement farfelu. Si j’avais dit de telles choses, si j'avais fait des appels au meurtre, je serais déjà derrière les barreaux. Nous tenons par conséquent à préciser certaines choses.

Pierre Falardeau et moi, nous avons dit dès le départ que nous empêcherions le fédéral de danser sur les tombes de nos ancêtres en reconstituant la défaite franco-canadienne de 1759. Lorsque les journalistes m'ont demandé comment nous nous y prendrions, j'ai dit que nous pourrions aller jusqu’à la désobéissance civile. Cela signifiait d’organiser un sit-in sur les plaines d'Abraham. Nous l’avons dit publiquement à plusieurs reprises, comme j’ai dit à plusieurs reprises que nous rejetions les actes violents afin de faire capoter le projet de reconstitution. Je n’ai jamais fait d’appels au meurtre comme les journalistes ne cessent de le répéter aujourd’hui, en ce jour du 21 février 2009! En agissant ainsi, ils versent - inconsciemment ou pas - dans la pure calomnie!

Voilà ce qui est vraiment arrivé.

Le jeudi 12 février, Michel Hébert du Journal de Québec m’a appelé pour me demander comment j’entrevoyais le déroulement du projet de reconstitution si la CCBN n’annulait pas le tout. J’ai alors répondu qu’il y avait un risque évident de violence, car des excités des deux camps – autant l’indépendantiste que fédéraliste – pourraient en profiter pour commettre des gestes violents. Je voyais sur la pétition que nous avons mise en ligne au www.operation1759.org que plusieurs étaient très en colère, certains se permettaient même de dire qu’ils voulaient reconstituer la bataille, « mais avec des balles réelles ». Les fédéralistes excités, eux, m’envoyaient des courriels pour me dire que si Pierre Falardeau et moi nous mettions les pieds à Québec, nous serions assassinés. Michel Hébert a alors écrit que des appels au meurtre étaient formulés. Mais jamais le RRQ n’a été l’auteur de ces appels. Jamais, jamais, jamais.

Le problème est que la CCBN s’est servi de cet article pour justifier le fait que le fédéral reculait devant le mouvement indépendantiste. Il fallait sauver la face de Josée Verner, entre autres, elle qui disait que jamais le Canada ne plierait face au mouvement indépendantiste. André Juneau a alors complètement mis la faute sur le RRQ qui aurait fait des appels à la violence. Ce qui est faux, à moins de considérer un sit-in comme le paroxysme de la violence politique!

Ce que Pierre Falardeau et moi déplorons, c’est que c’est la version de la CCBN qui est depuis colportée sur la place publique, et ce, même si Michel Hébert a clairement démontré dans le Journal de Québec que la décision d’annuler la reconstitution avait été prise le lundi avant le 12 février, donc, avant qu’il soit publiquement fait mention des risques de dérapage qu’auraient possiblement provoqués des excités. Ce qui fait qu’aujourd’hui, par exemple, la Presse Canadienne rapporte la décision prise par le tribunal inquisiteur du Parti Québécois de me vouer aux gémonies en soulignant que « j’avais évoqué des appels au meurtre pour court-circuiter le projet de reconstitution ». Ce passage est complètement faux, il pêche par ambiguïté. Il donne la désagréable impression que c’est moi qui aurais fait des appels au meurtre. Ce qui est faux, faux, faux! Bien sûr, je croyais et je crois toujours que si la CCBN avait été de l’avant avec son projet de reconstitution, il y avait un po
tentiel de violence, pour les raisons évoquées ci-haut. Ce projet déchaînait tellement les passions qu’il aurait fallu être complètement déconnecté de la réalité pour ne pas le croire. Si je suis coupable de quelque chose, c’est d’avoir répondu honnêtement aux questions d’un journaliste, de lui avoir dit que tout cela pouvait se transformer en Samedi de la matraque, prise 2, pas à cause de nous, mais à cause du contexte. Aurait-il été responsable de dissimuler les menaces que faisaient autant des excités indépendantistes que fédéralistes? Aucunement!

Bien évidemment, toute cette bataille sur la reconstitution de la bataille des plaines d’Abraham a été très dure. Nous savions qu’en face, ils comptaient passer sur le corps des Québécois et organiser envers et contre tous cet immense carnaval de propagande. Parce qu’ils étaient aussi déterminés, nous dûmes l’être tout autant dans notre camp. Le ton a monté, des deux côtés. Et nous comprenons que tout cela ait pu ne pas plaire à tous.

Mais Pierre Falardeau et moi étions convaincus que le mouvement indépendantiste avait profondément besoin d’une victoire. Les victoires morales, c’est bien beau, mais ça ne nous rapproche en rien de la victoire ultime! Pierre Falardeau et moi avons donc décidé, comme deux seuls hommes, qu’ils nous fallaient remporter cette bataille, qu’ils nous fallaient faire face aux adversaires les plus déterminés du Québec. Parce que nous nous sommes tenus debout, avec courage, parce que nous avons été plus déterminés qu’eux et plus forts mentalement, nous avons décroché la victoire pour le mouvement indépendantiste. Une trop rare victoire qui remonte le moral des troupes, c’est indéniable.

Aujourd’hui, une fois que la job a été accomplie par Pierre Falardeau et moi, certains nous reprochent nos stratégies, notre ton, notre discours, nos coups de gueule pas toujours élégants, je l’admets. Pierre Falardeau et moi sommes des êtres humains ayant des talents et des défauts. Ceux qui considèrent que nous avons davantage de défauts que de qualités n’avaient qu’à sortir de l’ombre au plus fort de la tempête, pour prendre le relais et imposer leur propre stratégie. Mais non, ils ont préféré demeurer bien cachés, à l’autre bout du champ de bataille, bien à l’abri, mais en grommelant timidement contre nous, entre autres sur les ondes des radios-poubelles, en toute complicité avec leurs animateurs anti-Québec. Pendant que deux seuls hommes défendaient l’honneur du mouvement indépendantiste contre le premier ministre du Canada, contre Josée Verner, contre le maire de Québec, contre la CCBN et contre les radios-poubelles de Québec, le Parti Québécois tremblait. Il était blan
c de frayeur. Trop peu habitués à se tenir debout face à l’adversaire, ayant perdu le réflexe de se battre pour obtenir quelque chose au lieu d’encore et toujours quémander des concessions au maître des lieux, les péquistes ont eu indubitablement plus peur de nous que nos adversaires d’en face.

Le Parti Québécois a attendu que Pierre Falardeau et moi terminions la job avant de nous tirer dans le dos. Une fois que nous avons eu réglé le dossier de la reconstitution, en décrochant la victoire, ce parti organisa un vaste tribunal d’inquisition. Répondant ainsi aux diktats de Jean Charest, pour qui il est inadmissible que les différentes factions du mouvement indépendantiste collaborent parfois entre elles, de diverses façons (dans le cas qui nous concerne, on parle de simples publicités et aucunement de liens plus ou moins serrés), le PQ a sorti son arsenal; cet arsenal qu’il réserve toujours à l’exécution de ses troupes les plus combatives, mais qu’il n’utilise jamais pour viser l’adversaire fédéral. Pierre Falardeau et moi, mais surtout moi, avons ainsi été exécutés par les péquistes et, par ricochet, par les bloquistes. J’étais coupable d’avoir « formulé des commentaires inacceptables, inappropriés, qui s'apparentent à des propos violents ». Il fallait donc cesser d
e placer des publicités dans les pages du Journal Le Québécois.

Que le Parti Québécois décide d’utiliser ses budgets publicitaires comme bon lui semble, c’est parfaitement son droit. Afin de se distancier de nous, il aurait tout simplement pu dire que la publicité placée dans nos pages ne permettait aucunement de dire qu’ils endossent nos stratégies. Car, partant de là, à chaque fois que le PQ place une publicité chez Gesca, il faudrait considérer que cela représente un appui officiel à André Pratte. Ce qui n’est évidemment pas le cas. Mais le PQ a refusé d’agir ainsi, en toute sagesse. Il a décidé d’être encore plus violent à notre égard que ne le sont nos adversaires. Sans apporter les bémols qui s’imposent, le PQ a étiqueté le RRQ comme une organisation violente, ce qui est faux. Pire, le député Stéphane Bédard m’a indirectement comparé à Chuck Guité, un acteur-criminel des commandites.

Maintenant, je n’ai pas l’intention de devenir un PQ-basher professionnel. Le PQ n’en vaut décidément pas la peine. Et de toute façon, trop de gens ne comprendraient pas que nous réorientons ainsi notre combat. Nous ferons donc comme nous faisions avant que n’éclate cette affaire, c’est-à-dire que pour nous, le PQ n’existe tout simplement pas. Nous sommes capables d’obtenir des victoires pour le mouvement indépendantiste sans leur aide. Nous continuerons de lutter avec fougue pour qu’advienne un jour le pays du Québec. Nous continuerons d’organiser la révolution que sera la création d’un pays français en Amérique. Bref, nous continuerons de nous tenir debout face à nos adversaires!

Patrick Bourgeois

16 févr. 2009

Matériel Scolaire Du Canadien

Quelle belle trouvaille que de tenter de faire passer une subvention substantielle au club de hockey Canadiens comme remède pour aider la réussite des garçons. Ils ont le dos large les garçons. Effectivement, le ministère de l’Éducation a remis en 2007 et cette année encore un montant total de $250 000 à la Sainte Flanelle pour bâtir du matériel pédagogique.

Si je ne m'abuse, on parle bien ici d'une compagnie privée qui gère des millions et qui fait des profits, non? Il est vrai que le hockey dans l'imaginaire québécois de même que dans la vraie vie prend beaucoup de place. Il est vrai également que les garçons sont fort intéressés par ce sport de même que plusieurs filles. Il est tout aussi vrai que de se servir de cette équipe, de ses joueurs pour développer l'intérêt chez les jeunes de la lecture ou de tout autre élément des programmes peut s'avérer une excellente avenue.

Mais il faut se le dire, matériel pédagogique ici semble dangereusement être synonyme de matériel promotionnel. Si les compagnies privées peuvent mettre la main à leur guise sur des centaines de milliers de dollars, gracieuseté du ministère, pour se promouvoir et faire passer ça pour du matériel pédagogique, combien d'argent verrons-nous ainsi s'envoler vers le privé une fois de plus?

Mireille Proulx est vice-présidente du Syndicat de l’enseignement de Champlain (CSQ)



Non seulement il est injustifiable qu’une compagnie à but lucratif comme le Canadien obtienne du financement par notre gouvernement pour contribuer à l’éducation de nos enfants, mais il est aussi inquiétant de voir que nous devons avoir recours à ce type de stratagème pour inciter nos jeunes à étudier. Je m’explique :

Voici deux exemples de problèmes qui pourraient se retrouver dans ce cahier d’exercices.

Si X = 2 000 000 et que le joueur du Canadien le mieux payé gagne 3 x X cette année, quel est son salaire annuel? Un indice, son salaire est supérieur de 3,8 fois la somme accumulée dans une vie d’un travailleur moyen qui gagne 35 000$ par année pendant 45ans.

Si 10 Québécois réussissent à se faire repêcher dans la ligue nationale en 2008 et qu’il y a 1 000 000 de Québécois âgés de 17 à 19 ans à cette même période, qu’elles étaient les chances qu’un jeune québécois se joigne à la ligue nationale en 2008?

Répondez à ces 2 questions toutes simples et vous verrez à quel point on vend du rêve à nos enfants. Nous ne les préparons pas à faire face à la réalité, peut-être parce que nous savons que ce serait trop dur sur leur moral. Ces joueurs de hockey possèdent seulement du talent dans un sport donné, pourquoi en faire des modèles de réussites à nos jeunes? Ils ne contribuent en rien au meilleur fonctionnement de notre société.

Vous connaissez l’image d’un homme assis sur un âne tenant une carotte au bout du nez de l’animal pour le faire avancer? Remplacer l’âne par un enfant, la carotte par le rêve et l’homme par nous les adultes. C’est de cette manière que vous voulez motiver vos enfants à étudier?

Voici deux questions qui me semblent plus vraisemblables.

Roger se permet de mettre 5000$ par année sur une voiture qui lui en coûte 24000$, en combien d’années pourra-t-il rembourser son foutu prêt?

Si un homme gagne 5 000 000 de dollars par année pour pousser une puck et donne 20 000 dollars à une œuvre caritative quel pourcentage de son salaire donne-t-il? Si un autre gagnant 30 000 dollars par année à la sueur de son front et en donne 500, quel pourcentage de son salaire donne-t-il? Laquelle de ces 2 personnes sera considérée comme un héros?


10 févr. 2009

Les «maladies mentales» des indépendantistes


Lors de mes nombreuses «discutions» avec des fédéralistes à propos de l’indépendance du Québec dans la vie de tous les jours ou sur des forums ou blogues, j’ai souvent eu droit à des qualificatifs peu élogieux à propos de mon état psychologique. Bien sur il y a les insultes faciles d’usages fréquents chez des personnes ayant peu de connaissances dans le domaine, et ce, dans les deux camps, par exemple «mangeux de marde fédéraste» ou bien «criss de séparatissss». Je recommande aux indépendantistes de ne pas embarquer dans ce genre de chose, tout simplement parce que l’on passe pour une gang d’épais. Par contre lorsque j’ai eu à sortir plusieurs arguments sur un sujet donné et que le fédéraliste en face de moi se retrouvait sans argument, j’ai généralement eu droit à des remarques qui sont aussi gratuites, mais qui sont toute fois plus subtile, on mettra en doute votre santé mentale. J’ai donc choisi de faire un petit guide décrivant nos soi-disant maladies mentales. Discutons-en entre amis et nous pourrons peut-être en guérir!

Lorsqu’un fédéraliste se retrouve dans une situation où il ne trouve plus d’argument pour justifier son point de vue il peut arriver qu’on vous qualifie de frustré. Vous êtes un frustré parce que vous ne voulez pas accepter le fait que notre bataille est déjà perdue et que vous feriez bien de prendre votre trou. En étant devant cette affirmation, cette question me vient à l’esprit : « Qui est le véritable frustré? » La personne qui lutte pour préserver la spécificité de son peuple? Ou la personne qui ne peut accepter de voir une personne lutter pour cette même raison? La bataille n’est pas terminée et n’est pas perdue, elle n’est pas terminée, car le fédéral continu sa politique d’assimilation et de déséquilibre fiscal et elle n’est pas perdue, car je travail présentement à écrire un texte sur l’indépendance du Québec. Notre cause ne sera pas perdue tant qu’il y aura des gens pour promouvoir notre émancipation.

On peut aussi vous dire que l’amertume dicte votre façon de penser. Vous êtes amers, car vous êtes incapable de mettre une croix sur votre passé et, par conséquent, de passer à autre chose. Oui! Vous êtes amers! Car vous tenez compte des éléments du passé pour vous bâtir un futur, drôle d’amertume. Comment bâtir un futur viable sans tenir compte des éléments du passé? Ce concept m’échappe complètement. On en profitera pour vous dire que vous refuser que les choses changent. Autre fausseté bien sûre, pour pouvoir changer les choses il est primordial de faire l’indépendance. Il est impossible pour le Québec de changer les choses concrètement dans le fédéralisme, puisque nous devons rendre des comptes à un gouvernement extérieur qui ne désire pas que les choses changent et ça, l’Histoire le prouve. Il semble que ce soit plutôt les amateurs de ce statuquo qui refusent de voir les choses changer.

C’est tout de même pratique de retrouver ces psychologues qui vous offrent des consultations gratuites un peu partout sur le web. Ça évite bien des frais de consultation et de déplacement, de plus vous n’avez absolument rien à demander et les résultats de votre consultation vous sont transmis bien aimablement! N’entrez pas dans le jeu de ces psychologues en herbes. Dénoncer leur comportement le plus aimablement possible, pour bien faire comprendre aux autres intervenants que porter des jugements gratuits sur l’état mental de quelqu’un n’est pas un argument valide. Les indépendantistes souffrent généralement d’une seule chose, vous en avez peut-être déjà entendu parler? Elle se fait rare de nos jours, je crois que l’on surnomme ce phénomène «fierté».

2 févr. 2009

La «Commémoration» de la Bataille des Plaines


On en entend beaucoup parler dans les médias de cette fameuse «commémoration» de la bataille des plaines. Des indépendantistes s’y opposent farouchement alors que des fédéralistes tentent de démontrer les effets positifs qu’aurait une telle reconstitution, ils insistent sur le fait que ce sera un événement pédagogique pendant que d’autres vantent les superbes retombées économiques qu’aura l’événement. À la limite, le premier argument pourrait être valide, mais l’événement de la bataille perdue à très bien été choisit, une fois de plus les Québécois seront vus comme étant des perdants, comme si le sort du Québec s’était décidé en cette simple bataille fatidique. On oubli vite les victoires françaises, car oui, victoires grandioses il y a eu avant cette défaite, n'en déplaise aux langues sales, nos ancêtres n’étaient pas des flancs mous ou des fêtards sans aucune stratégie militaire.

Tant qu’à faire de la pédagogie, pourquoi ne pas reconstituer la bataille de Ste-Foy? Bataille impliquant le Chevalier de Lévis et le gouverneur de la Nouvelle-France, Pierre de Rigaud de Vaudreuil. Cette bataille eut lieu quelques mois après la défaite sur les plaines, le Chevalier de Lévis donnant l’assaut reprit la ville de Québec des mains des soldats britanniques. Ou peut-être les nombreuses batailles remportées par Frontenac ou celles remportées par Pierre Le Moyne d’Iberville? Pourquoi ne pas en faire une reconstitution? Parce que nous en sommes sorties vainqueurs et qu’aujourd’hui nous sommes les vaincus, voilà pourquoi. Est-ce une raison pour laisser de côté notre fierté? Sommes-nous vraiment vaincus? Si nous cessons d’être fiers de nos origines, la réponse à cette question sera sans nul doute «oui».

Les citoyens de la ville de Québec qui ne cesse de prétendre qu’ils sont des gens fiers vont-ils laisser cette mascarade se dérouler sans aucune objection? Ou vont-ils se laisser guider par leur pitoyable maire qui dilapide la culture québécoise sous prétexte que c’est bon pour l’économie? Ou vont-ils se laisser berner par leur radio poubelle de merde qui tente par tout les moyens possibles d’alimenter cette rivalité Québec/Montréal afin d’accroitre un sentiment de mépris qui n’a pas lieu d’être. Soyons unis, le mépris est seulement bon pour les cotes d’écoute de ces fauteurs de trouble.

Je fais partie de ceux qui s’opposent à cette reconstitution, car cette fierté est en moi et je me prépare à affronter le mépris de ceux qui nous opposent. Car le mépris, c’est tout se qu’ils leurs restent.

20 janv. 2009

Comment Bâtir le Rêve : Obama


L’effervescence ayant maintenant atteint son paroxysme en cette journée d’assermentation, nous sommes en droit de nous demander se qui a causé toute cette «folie» entourant le nouveau président des États-Unis d’Amérique. Est-ce le fait qu’il enverra 30 000 soldats de plus en Afghanistan? (Cette guerre est maintenant populaire) ou peut-être le fait que la politique américaine d’appui à Israël dans la colonisation de la Palestine se poursuivra de plus belle? Ou peut-être est-ce parce que la spéculation boursière malhonnête continuera à faire en sorte que la crise financière se poursuivra? Serait-ce simplement parce que M. Obama est de race noire?

Plusieurs Américains et les médias proclament que le nouveau président des États-Unis incarne le rêve américain, car un homme de race noire a pu se hisser au sommet de la hiérarchie des États-Unis. Il incarne du même fait le changement. Malheureusement, le problème majeur des États-Unis n’est pas le racisme, mais la corruption. D’ailleurs, n’est-ce pas raciste juger un homme par la couleur de sa peau? Obama est-il plus «humaniste» parce qu’il est noir? Gageons que les malheureux osant critiquer le nouveau président seront rapidement accusés de racisme. Le fait que Barack Obama soit de race noire ne fait qu’ajouter au rêve. Il incarne l’impossible devenu réalité, il nous fait dire aveuglément «Oui, en Amérique, tout est possible! » N’est-il pas plus facile de rêver à l’aide d’un conte de fées? La marionnette peut être blanche, noire ou orange avec des pitons bleus, elle restera toujours une marionnette et une marionnette sera toujours contrôlée par des marionnettistes. Voilà la dure réalité, Pinocchio sera toujours fait de bois.

L’image de rêve incarné par Barack Obama a été bâtie de toutes pièces. Depuis près de deux ans, les médias de masse ne cessent de nous vanter tout le charisme et tout le rêve que cet homme inspire à la population américaine, mais de quoi est fait ce rêve? Comment s’y prendra-t-il pour le réaliser? Qui d’entre vous peut répondre à ces questions toutes simples? Ce rêve n’est qu’une illusion, un masque apposé sur la réalité, composé de sentiments bien mielleux et plein de naïveté là où on devrait retrouver un peu de pragmatisme. Retirer ce masque, faites face à la réalité.

19 janv. 2009

Le Canada ne répond pas aux critères de l'UNICEF sur le soutien à l'éducation

TORONTO - Le Canada traîne sérieusement de la patte dans un rapport de l'UNICEF sur l'enseignement à la petite enfance. Il ne satisfait qu'à une seule des dix normes suggérées visant à assurer que les enfants prennent le meilleur départ possible dans la vie, grâce à des programmes d'éducation et de soutien. Sur l'échelle des pays les plus riches, il se classe au dernier échelon, ex-aequo avec l'Irlande, conclut une analyse rendue publique mercredi par l'UNICEF. Nous investissons excessivement dans les mesures correctrices plus tard, quand les enfants atteignent l'adolescence, mais nous n'investissons pas assez dans les années de la petite enfance, quand il est alors réellement possible d'influencer leur comportement, leur apprentissage, pour le reste de leur vie, soutient Nigel Fisher, président et chef de la direction d'UNICEF Canada. Ces standards, que l'UNICEF qualifie de pratiques et réalistes, comprennent notamment la mise en place d'un congé parental d'un an assorti de prestations équivalant à au moins 50 pour cent du salaire, et l'utilisation d'un pour cent du produit intérieur brut national pour le financement des services à l'enfance.

Le plus beau pays du monde semble avoir des croutes à manger avant de pouvoir mériter ce titre! L'éducation d'un enfant doit commencer aussi tôt que celui-ci est en mesure de communiquer avec ses parents et, pour ce faire, ils se doivent d'être disponibles. Pour cette raison les congés parentaux sont d'une nécessité absolue. Le problème majeur ici c'est qu'un congé d'un an n'est malheureusement pas suffisant, puisque l'enfant continue son apprentissage bien au-delà de cette âge. La solution idéale serait qu'un des parents soit disponible pour l'éducation de l'enfant jusqu'à l'âge de 5 ans, mais dans notre société qui se le permet? On envoie donc l'enfant chez la gardienne, qui est souvent une inconnue, à 8h le matin pour les reprendrent le soir vers 5h, souper, lavage, devoirs, dodo. Alors? Avez vous passez du temps de qualité avec vos enfants aujourd'hui?

Des 24 pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la Suède est le seul pays à satisfaire aux 10 mesures standards suggérées, et l'Islande en respecte neuf. La Slovénie, qui a obtenu une note de six sur dix, était le seul pays non membre de l'OCDE à être évalué. Au bas de l'échelle, le Canada et l'Irlande ne remplissent tous deux qu'un critère: la moitié du personnel des services éducatifs à la petite enfance doit avoir un diplôme d'études supérieures adéquat. Les Etats-Unis satisfont à trois des critères de l'UNICEF. Pour Martha Friendly, qui dirige le Childcare Resource and Research Unit, la piètre performance canadienne n'a rien de surprenant. Au Canada, plus qu'ailleurs, on laisse la responsabilité des soins à la première enfance aux familles, tant au niveau national que dans plusieurs provinces. Selon Mme Friendly, le gouvernement fédéral doit montrer clairement qu'il considère cet enjeu important en l'incluant dans son budget, le mois prochain.

« On laisse la responsabilité des soins à la première enfance aux familles. » Ces mêmes familles qui peinent à trouver du temps pour leurs enfants. Si l'État et les parents ne peuvent s'occuper de l'éducation d'un enfant, qui aura le temps de le faire? La gardienne qui a à sa charge une dizaine d'enfants? La télévision et les jeux vidéos pourront peut-être s'en charger et vous aurez alors une jeunesse complètement déconnectée de la réalité. Il est toute fois hors de question que ce soit l'État qui prenne en charge l'éducation des enfants. Tout simplement parce que c'est une tâche impossible à accomplir sans en arrivé à des conséquences néfastes, dont en arrivé à des enfants éduqués suivant un «moule» bien établi.

Le rapport de l'UNICEF fait valoir que plusieurs pays de l'OCDE devraient augmenter de près du double leur niveau actuel de dépenses pour les services de soutien à la petite enfance pour pouvoir se conformer aux normes minimales acceptables. Le Canada, par exemple, consacre à peu près 0,2 pour cent de son PIB au soutien à l'enfance, selon M. Fisher. Le rapport note que la plupart des enfants des pays développés passent leurs toutes premières années dans une forme ou une autre de service assuré hors du foyer. Selon le rapport, on assiste en fait à une "révolution" dans la façon dont la majorité des jeunes enfants sont élevés dans les pays industrialisés. Dans la mesure où ce changement n'est pas planifié ni supervisé, on pourrait aussi dire que c'est un pari à haut risque sur les enfants d'aujourd'hui et le monde de demain, conclut le rapport d'UNICEF.

Ce rapport soulève de très bonnes questions quant à l'éducation de nos enfants. Des enfants qui sont sursocialisés et qui ne sont pas assez individualisés se qui ne permet pas de se connaître soit même en tant qu'individu, l'enfant préfère alors s'identifier à un groupe pour mieux en faire parti alors qu'il serait primordial qu'il se batisse une identité propre avant toute chose. Il ne peut donc aucunement développé un esprit critique puisqu'il risquerait alors de se faire rejeter par le groupe s'il questionne les agissements ou le mode de pensé de celui-ci. En réalité, nous vivons dans une société où la majorité des individus souffrent de sursocialisation, la solitude comportant aussi beaucoup de biens faits.



6 janv. 2009

Henri Julien - La Chasse-galerie

Henri Julien
(Québec, 1852 - Montréal, 1908)

La Chasse-galerie
1906
Huile sur toile
53,5x66,5cm

Cliquer sur l'image pour un agrandissement.



Peinture inspirée de la légende de la chasse-galerie, dont on peut voir ici les douze personnages en pleine action, chacun d'eux vivant ce moment à sa façon, l'un la bouteille à la main et le goulot en pleine bouche, l'autre effrayé bien conscient de sa situation précaire et enfin, un autre trop saoul pour être conscient de quoi que se soit. On peut discerner le démon, une vapeur grise se dissimulant dans les nuages de la nuit, à l'avant du canot, l'agrippant et l'attirant sournoisement vers les enfers.

On peut alors pousser la réflexion plus loin en regardant le tableau de plus près, suffit de remplacer quelques éléments de cette peinture. Par exemple, remplaçons le radeau par la société dans laquelle nous évoluons, je trouve cette image qu’en même réaliste du fait que les pagayeurs «habitent» le radeau et s’en servent comme d’un véhicule pour naviguer et vivre des expériences, tout comme un citoyen qui évolue et «habite» dans une société quelconque. La société étant aussi un environnement dans lequel chacun de nous peut s’épanouir et vivre des expériences qui peuvent changer nos vies positivement. Voilà donc l’importance d’avoir une société bien solide qui ne «coulera» pas due à une brèche dans sa coque après le moindre petit obstacle.

Le démon de vapeur quant à lui représente ces mêmes obstacles. Il est une élite corrompue qui ne pense qu’au gain financier et mène cette barque vers le bas. Il est ces petits voyous qui au lieu de travailler à garder le navire à flot tentent de le faire couler en profitant ou en nuisant à ceux qui travaillent fort pour garder la barque bien solidement à flot. Ce démon transparent bien dissimulé parmi les nuages représente bien l’élite corrompue, l’élite se cache sournoisement derrière la désinformation et la malhonnêteté intellectuelle. Elle entraîne lentement mais surement la société vers le bas en voulant toujours plus de richesse et de pouvoir. Dois-je préciser que lorsque la chaloupe coule, les citoyens l’habitant coulent aussi? Bien des gens se réjouissent de voir la chaloupe couler, mais attendons de voir leur réaction lorsqu’ils auront de l’eau jusqu’au menton!

Revenons à nos pagayeurs, comme je l’ai mentionné dans mon premier paragraphe, chacun d’eux expérimente ce moment à sa façon, mais examinons leur comportement de plus près. Prenons tout d’abord les trois pagayeurs derrière le pagayeur de tête, ceux qui semblent pagayer de toutes leurs forces pour faire remonter le navire, ce sont des navigateurs travaillant qui n’ont pas peur de se retrousser les manches quand le besoin ce présente. Ces citoyens semblent inconscients de la présence du «mal» à l’avant du navire ou ne réussissent tout simplement pas à mettre le doigt dessus même s’ils savent pertinemment que quelque chose ne va pas. Ils méritent tout de même beaucoup de respect parce que nous savons que nous pourrons compter sur eux en des temps difficiles.

Le cas du navigateur à la tuque rouge maintenant, celui-ci m’intrigue beaucoup. Il tien fermement sa rame à deux mains et semble donc bien conscient du danger, mais sa figure est tourné vers la lune, comme en contemplation devant ce spectacle naturel. J’aime bien cette capacité d’émerveillement devant des choses toutes simples, mais lorsque le navire prend l’eau on devrait retrousser ces manches afin de ramener la barque à bon port pour par la suite profiter en toute quiétude de ces beautés que nous dévoilent mère nature.

L’arrière du navire maintenant! On peut y discerner beaucoup de comportements révélateurs. Trois des pagayeurs situés à l’arrière du navire semblent vouloir faire tout leur possible pour ramener le navire à bon port. Celui avec la tuque et le foulard rouges, celui avec le petit chapeau brun et les grosses mitaines brunes et celui avec la tuque et le manteau bruns. Ces trois navigateurs se font malheureusement nuire par trois de leurs compatriotes, qui sont fort occupés à se souler et à fêter, inconscients du malheur qui les attend. Non seulement ces navigateurs ne tentent rien pour améliorer les choses, mais en plus ils nuisent à ceux qui font des efforts pour redresser la situation. En temps de crise, de tels parasites devraient se faire jeter par-dessus bord lorsqu’il en va de la survie des autres.

Les deux navigateurs situés complètement à l’avant et à l’arrière de l’embarcation sont aussi très intéressants. Ces deux pagayeurs semblent non seulement bien conscients du danger, mais semblent aussi bien voir ce qui attire le navire vers le bas. Après bien des recherches, ils ont réussi à discerner la forme vaporeuse du «mal» parmi les nuages malgré la supercherie et tentent bien que mal de diriger la petite chaloupe dans la bonne direction. Ils prennent le risque de se lever pendant la tempête malgré la menace du démon qui fera tout son possible pour les jeter par-dessus bord en premier, parce que le démon sait à ce moment qu’il est repéré. Ils s’accrochent fermement au navire et sont bien conscients de son importance. Ils sont les guides sur lesquels les personnes travaillantes, ne désirant peut-être pas prendre la tête et prendre des risques, peuvent avoir confiance. Chacun d’eux jouant un rôle primordial à la réussite d’une traversée houleuse.

Et vous, quel type de navigateurs êtes-vous?


Il existe plusieurs versions de La Chasse-galerie. Voici celle d'Honoré Beaugrand.

Chapitre I
Pour lors, je vas vous raconter une rôdeuse d’histoire, dans le fin fil ; mais s’il y a parmi vous autres des lurons qui auraient envie de courir la chasse-galerie ou le loup-garou, je vous avertis qu’ils font mieux d’aller voir dehors si les chats-huants font le sabbat, car je vais commencer mon histoire en faisant un grand signe de croix pour chasser le diable et ses diablotins. J’en ai eu assez de ces maudits-là, dans mon jeune temps.

Pas un homme ne fit mine de sortir : au contraire, tous se rapprochèrent de la cambuse où le cook achevait son préambule et se préparait à raconter une histoire de circonstance.

On était à la veille du jour de l’an 1858, en pleine forêt vierge, dans les chantiers des Ross, en haut de la Gatineau. La saison avait été dure et la neige atteignait déjà la hauteur du toit de la cabane.

Le bourgeois avait, selon la coutume, ordonné la distribution du contenu d’un petit baril de rhum parmi les hommes du chantier, et le cuisinier avait terminé de bonne heure les préparatifs du fricot de patte et des glissantes pour le repas du lendemain. La mélasse mijotait dans le grand chaudron pour la partie de tire qui devait terminer la soirée.

Chacun avait bourré sa pipe de bon tabac canadien, et un nuage épais obscurcissait l’intérieur de la cabane, où un feu pétillant de pin résineux jetait, cependant, par intervalles, des lueurs rougeâtres qui tremblotaient en éclairant, par des effets merveilleux de clair-obscur, les mâles figures de ces rudes travailleurs des grands bois.

Joe le cook était un petit homme assez mal fait, que l’on appelait généralement le bossu, sans qu’il s’en formalisât, et qui faisait chantier depuis au moins 40 ans. Il en avait vu de toutes les couleurs dans son existence bigarrée, et il suffisait de lui faire prendre un petit coup de jamaïque pour lui délier la langue et lui faire raconter ses exploits.

Chapitre II
Je vous disais donc, continua-t-il, que si j’ai été un peu tough dans ma jeunesse, je n’entends plus risée sur les choses de la religion. J’vas à confesse régulièrement tous les ans, et ce que je veux vous raconter là se passait aux jours de ma jeunesse, quand je ne craignais ni Dieu ni diable. C’était un soir comme celui-ci, la veille du jour de l’an, il y a de cela 34 ou 35 ans. Réunis avec tous mes camarades autour de la cambuse, nous prenions un petit coup ; mais si les petits ruisseaux font les grandes rivières, les petits verres finissent par vider les grosses cruches, et dans ces temps-là, on buvait plus sec et plus souvent qu’aujourd’hui, et il n’était pas rare de voir finir les fêtes par des coups de poings et des tirages de tignasse. La jamaïque était bonne, – pas meilleure que ce soir, – mais elle était bougrement bonne, je vous le persouête ! J’en avais bien lampé une douzaine de petits gobelets, pour ma part, et sur les onze heures, je vous l’avoue franchement, la tête me tournait et je me laissai tomber sur ma robe de carriole pour faire un petit somme en attendant l’heure de sauter à pieds joints, par-dessus la tête d’un quart de lard, de la vieille année dans la nouvelle, comme nous allons le faire ce soir sur l’heure de minuit, avant d’aller chanter la guignolée et souhaiter la bonne année aux hommes du chantier voisin.

Je dormais donc depuis assez longtemps, lorsque je me sentis secouer rudement par le boss des piqueurs, Baptiste Durand, qui me dit :

– Joe, minuit vient de sonner, et tu es en retard pour le saut du quart. Les camarades sont partis pour faire leur tournée, et moi je m’en vais à Lavaltrie voir ma blonde. Veux-tu venir avec moi ?

A Lavaltrie ! lui répondis-je, es-tu fou ? Nous en sommes à plus de cent lieues et d’ailleurs aurais-tu deux mois pour faire le voyage, qu’il n’y a pas de chemin de sortie dans la neige. Et puis, le travail du lendemain du jour de l’an ?

– Animal ! répondit mon homme, il ne s’agit pas de cela. Nous ferons le voyage en canot d’écorce, à l’aviron, et demain matin, à six heures, nous serons de retour au chantier.

Je comprenais.

Mon homme me proposait de courir la chasse-galerie et de risquer mon salut éternel pour le plaisir d’aller embrasser ma blonde au village. C’était raide ! Il était bien vrai que j’étais un peu ivrogne et débauché et que la religion ne me fatiguait pas à cette époque, mais risquer de vendre mon âme au diable, ça me surpassait.

– Cré poule mouillée ! continua Baptiste, tu sais bien qu’il n’y a pas de danger. Il s’agit d’aller à Lavaltrie et de revenir dans six heures. Tu sais bien qu’avec la chasse-galerie, on fait au moins cinquante lieues à l’heure quand on sait manier l’aviron comme nous. Il s’agit tout simplement de ne pas prononcer le nom du bon Dieu pendant le trajet, et de ne pas s’accrocher aux croix des clochers en voyageant. C’est facile à faire et pour éviter tout danger, il faut penser à ce qu’on dit, avoir l’œil où l’on va et ne pas prendre de boisson en route. J’ai fait le voyage cinq fois et tu vois bien qu’il ne m’est jamais arrivé malheur. Allons, mon vieux, prends ton courage à deux mains et si le cœur t’en dit, dans deux heures de temps, nous serons à Lavaltrie. Pense à la petite Liza Guimbette, et au plaisir de l’embrasser. Nous sommes déjà sept pour faire le voyage, mais il faut être deux, quatre, six ou huit, et tu seras le huitième.

– Oui ! tout cela est très bien, mais il faut faire un serment au diable, et c’est un animal qui n’entend pas à rire lorsqu’on s’engage à lui.

Une simple formalité, mon Joe. Il s’agit simplement de ne pas se griser et de faire attention à sa langue et à son aviron. Un homme n’est pas un enfant, que diable ! Viens ! Viens ! Nos camarades nous attendent dehors, et le grand canot de la drave est tout prêt pour le voyage.
Je me laissai entraîner hors de la cabane où je vis en effet six de nos hommes qui nous attendaient, l’aviron à la main. Le grand canot était sur la neige dans une clairière et avant d’avoir eu le temps de réfléchir, j’étais déjà assis dans le devant, l’aviron pendant sur le plat-bord, attendant le signal du départ. J’avoue que j’étais un peu troublé, mais Baptiste, qui passait dans le chantier, pour n’être pas allé à confesse depuis sept ans, ne me laissa pas le temps de me débrouiller. Il était à l’arrière, debout, et d’une voix vibrante il nous dit :

– Répétez avec moi !

Et nous répétâmes :

Satan, roi des enfers, nous te promettons de te livrer nos âmes, si d’ici à six heures, nous prononçons le nom de ton maître et le nôtre, le bon Dieu, et si nous touchons une croix dans le voyage. À cette condition, tu nous transporteras, à travers les airs, au lieu où nous voulons aller, et tu nous ramèneras de même au chantier !

Chapitre III
Acabris ! Acabras ! Acabram !

Fais-nous voyager par-dessus les montagnes !


À peine avions-nous prononcé les dernières paroles que nous sentîmes le canot s’élever dans l’air à une hauteur de cinq ou six cents pieds. Il me semblait que j’étais léger comme une plume et, au commandement de Baptiste, nous commençâmes à nager comme des possédés que nous étions. Aux premiers coups d’aviron le canot s’élança dans l’air comme une flèche, et c’est là le cas de dire, le diable nous emportait. Ça nous en coupait le respire, et le poil en frisait sur nos bonnets de carcajou.

Nous filions plus vite que le vent. Pendant un quart d’heure, environ, nous naviguâmes au-dessus de la forêt sans apercevoir autre chose que les bouquets des grands pins noirs. Il faisait une nuit superbe et la lune, dans son plein, illuminait le firmament comme un beau soleil du midi. Il faisait un froid du tonnerre et nos moustaches étaient couvertes de givre mais nous étions tous en nage. Ça se comprend aisément puisque c’était le diable qui nous menait et je vous assure que ce n’était pas sur le train de la Blanche'. Nous découvrîmes bientôt une éclaircie, c’était la Gatineau dont la surface glacée et polie étincelait au-dessous de nous comme un immense miroir. Puis, p’tit à p’tit nous aperçûmes des lumières dans les maisons d’habitants ; puis des clochers d’église qui reluisaient comme des baïonnettes de soldats, quand ils font l’exercice sur le Champ-de-Mars de Montréal. On passait ces clochers aussi vite que les poteaux de télégraphe, quand on voyage en chemin de fer. Et nous filions toujours comme tous les diables, sautant par-dessus les villages, les forêts, les rivières, et laissant derrière nous comme un traînée d’étincelles. C’est Baptiste, le possédé, qui gouvernait, car il connaissait la route et nous arrivâmes bientôt à la rivière des Outaouais qui nous servit de guide pour descendre jusqu’au lac des Deux-Montagnes.

– Attendez un peu ! cria Baptiste. Nous allons raser Montréal, et nous allons effrayer les coureux qui sont encore dehors à c’te heure-cite. Toi, Joe ! là, en avant, éclaircis-toi le gosier et chante-nous une chanson sur l’aviron.

En effet, nous apercevions déjà les mille lumières de la grande ville, et Baptiste, d’un coup d’aviron, nous fit descendre à peu près au niveau des tours de Notre-Dame. J’enlevai ma chique pour ne pas l’avaler, et j’entonnai à tue-tête cette chanson de circonstance, que tous les canotiers répétèrent en chœur :

Mon père n’avait fille que moi,
Canot d’écorce qui va voler,
Et dessus la mer il m’envoie :
Canot d’écorce qui vole, qui vole,
Canot d’écorce qui va voler !

Et dessus la mer il m’envoie,
Canot d’écorce qui va voler,
Le marinier qui nous menait :
Canot d’écorce qui vole, qui vole.
Canot d’écorce qui va voler !

Le marinier qui me menait,
Canot d’écorce qui va voler,
Me dit, ma belle, embrassez-moi :
Canot d’écorce qui vole, qui vole,
Canot d’écorce qui va voler !

Me dit, ma belle, embrassez-moi,
Canot d’écorce qui va voler,
Non,non, Monsieur, je ne saurais :
Canot d’écorce qui vole, qui vole,
Canot d’écorce qui va voler !

Non, non, Monsieur, je ne saurais,
Canot d’écorce qui va voler,
Car si mon papa le savait :
Canot d’écorce qui vole, qui vole,
Canot d’écorce qui va voler !

Car si mon papa le savait,
Canot d’écorce qui va voler...
Ah ! c’est bien sûr qu’il me battrait :
Canot d’écorce qui vole, qui vole,
Canot d’écorce qui va voler !

Chapitre IV
Bien qu’il fût près de deux heures du matin, nous vîmes des groupes s’arrêter dans les rues pour nous regarder passer, mais nous filions si vite qu’en un clin d’œil nous avions laissé loin derrière nous Montréal et ses faubourgs, et alors je commençai à compter les clochers : ceux de la Longue-Pointe, de la Pointe-aux-Trembles, de Repentigny, de Saint-Sulpice, et enfin les deux flèches argentées de Lavaltrie, qui dominaient le vert sommet des grands pins du domaine.

– Attention, vous autres ! nous cria Baptiste. Nous allons atterrir à l’entrée du bois, dans le champ de mon parrain, Jean-Jean Gabriel, et nous nous rendrons ensuite à pied pour aller surprendre nos connaissances dans quelque fricot ou quelque danse du voisinage.

Qui fut dit fut fait, et cinq minutes plus tard, notre canot reposait dans un banc de neige, à l’entrée du bois de Jean-Jean Gabriel ; et nous partîmes tous les huit à la file pour nous rendre au village. Ce n’était pas une mince besogne, car il y avait pas de chemin battu, et nous avions de la neige jusqu’au califourchon. Baptiste qui était plus effronté que les autres s'en alla frapper à la porte de la maison de son parrain où l’on apercevait encore de la lumière ; mais il n’y trouva qu’une fille engagère qui lui annonça que les vieilles gens étaient à un snaque chez le père Robillard, mais que les farauds et les filles de la paroisse étaient presque tous rendus chez Batissette Augé, à la Petite-Misère, en bas de Contrecœur, de l’autre côté du fleuve, où il y avait un rigodon du jour de l’an.

– Allons au rigodon chez Batissette Augé ! nous dit Baptiste, on est certain d’y rencontrer nos blondes.

– Allons chez Batissette !

Et nous retournâmes au canot, tout en nous mettant naturellement en garde sur le danger qu’il y avait de prononcer certaines paroles, et de boire un coup de trop, car il fallait reprendre la route des chantiers et y arriver avant six heures du matin, sans quoi nous étions flambés comme des carcajous, et le diable nous emportait au fin fond des enfers.

Acabris ! Acabras ! Acabram !

Fais-nous voyager par-dessus les montagnes !


cria de nouveau Baptiste. Et nous voilà embarqués tous ensemble pour la Petite-Misère, en naviguant en l’air comme des renégats que nous étions tous. En deux tours d’aviron, nous avions traversé le fleuve et nous étions rendus chez Batissette Augé dont la maison était tout illuminée. On entendait vaguement, au dehors les sons du violon et les éclats de rire des danseurs, dont on voyait les ombres se trémousser à travers les vitres couvertes de givre. Nous cachâmes notre canot derrière les tas de bourdillons qui bordaient la rive, car la glace avait refoulé cette année-là.

– Maintenant, nous répéta Baptiste, pas de bêtises, les amis, et attention à vos paroles ! Dansons comme des perdus, mais pas un seul verre de Molson, ni de jamaïque, vous m’entendez ! Et au premier signe suivez-moi tous, car il faudra repartir sans attirer l’attention. Et nous allâmes frapper à la porte.

Chapitre V
Le père Batissette vint ouvrir lui-même et nous fûmes reçus à bras ouverts par les invités que nous connaissions presque tous.

On nous assaillit d’abord de questions :

– D’où venez-vous ?
– Je vous croyais dans les chantiers !
– Vous arrivez bien tard !
– Venez boire une larme !
Ce fut encore Baptiste qui nous tira d’affaire en prenant la parole :

– D’abord, laissez-nous nous décapoter et puis ensuite laissez-nous danser. Nous sommes venus exprès pour ça. Demain matin, je répondrai à toutes vos questions, et nous vous raconterons tout ce que vous voudrez.

Pour moi, j’avais déjà reluqué Liza Guimbette qui était faraudée par le p’tit Boisjoli de Lanoraie.

Je m’approchai d’elle pour la saluer et pour lui demander l’avantage de la prochaine, qui était un reel à quatre. Elle accepta avec un sourire qui me fit oublier que j’avais risqué le salut de mon âme pour avoir le plaisir de me trémousser et de battre les ailes de pigeon en sa compagnie. Pendant deux heures de temps, une danse n’attendait pas l’autre et ce n’est pas pour me vanter si je vous dis que, dans ce temps-là, il n’y avait pas mon pareil à dix lieues à la ronde pour la gigue simple ou la voleuse. Mes camarades, de leur côté, s’amusaient comme des lurons, et tout ce que je puis vous dire, c’est que les garçons d’habitants étaient fatigués de nous autres, lorsque quatre heures sonnèrent à la pendule.

J’avais cru voir Baptiste Durand s’approcher du buffet où les hommes prenaient des nippes de whisky blanc, de temps en temps, mais j’étais tellement occupé avec ma partenaire que je n’y portai pas beaucoup d’attention. Mais maintenant que l’heure de remonter en canot était arrivée, je vis clairement que Baptiste avait pris un coup de trop et je fus obligé d’aller le tirer par le bras pour le faire sortir avec moi, en faisant signe aux autres de se préparer à nous suivre sans attirer l’attention des danseurs. Nous sortîmes les uns après les autres sans faire semblant de rien et cinq minutes plus tard, nous étions rembarqués en canot, après avoir quitté le bal comme des sauvages, sans dire bonjour à personne ; pas même à Liza, que j’avais invitée pour danser un foin. J’ai toujours pensé que c’était cela qui l’avait décidée à me trigauder et à épouser le petit Boisjoli sans même m’inviter à ses noces, la bougresse. Mais pour revenir à notre canot, je vous avoue que nous étions rudement embêtés de voir que Baptiste Durand avait bu un coup, car c’était lui qui nous gouvernait et nous n’avions juste que le temps de revenir au chantier pour six heures du matin avant le réveil des hommes qui ne travaillaient pas le jour du jour de l’an. La lune était disparue et il ne faisait plus aussi clair qu’auparavant, et ce n’est pas sans crainte que je pris ma position à l’avant du canot, bien décidé à avoir l’œil sur la route que nous allions suivre. Avant de nous enlever dans les airs, je me retournai et je dis à Baptiste :

– Attention, là, mon vieux ! Pique tout droit sur la montagne de Montréal, aussitôt que tu pourras l’apercevoir.

– Je connais mon affaire, répondit Baptiste, et mêle-toi des tiennes !

Et avant que j’aie eu le temps de répliquer :

Acabris ! Acabras ! Acabram !

Fais-nous voyager par-dessus les montagnes !


Chapitre VI
Et nous voilà repartis à toute vitesse. Mais il devint aussitôt évident que notre pilote n’avait plus la main aussi sûre, car le canot décrivait des zigzags inquiétants. Nous ne passâmes guère à plus de cent pieds du clocher de Contrecœur et au lieu de nous diriger vers l’ouest, vers Montréal, Baptiste nous fit prendre des bordées vers la rivière Richelieu. Quelques instants plus tard, nous passâmes par dessus la montagne de Belœil et il ne s’en manqua pas de dix pieds que l’avant du canot n’allât se briser sur la grande croix de tempérance que l’évêque de Nancy avait plantée là.
– A droite, Baptiste ! à droite ! mon vieux, car tu vas nous envoyer chez le diable, si tu ne gouvernes pas mieux que ça !

Et Baptiste fit instinctivement tourner le canot vers la droite en mettant le cap sur la montagne de Montréal que nous apercevions déjà dans le lointain. J’avoue que la peur commençait à me tortiller car si Baptiste continuait à nous conduire de travers, nous étions flambés comme des gorets qu’on grille après la boucherie. Je vous assure que la dégringolade ne se fit pas attendre, car au moment où nous passions au-dessus de Montréal, Baptiste nous fit prendre une sheer et dans le temps de m'y préparer, le canot s’enfonça dans un banc de neige, dans une éclaircie, sur le flanc de la montagne. Heureusement que c’était de la neige molle, que personne n’attrapa de mal et le canot ne fut pas brisé. Mais à peine étions-nous sortis de neige, que voilà Baptiste qui commence à sacrer comme un possédé et qui déclare qu’avant de repartir pour la Gatineau, il veut descendre en ville prendre un verre. J’essayai de raisonner avec lui, mais allez donc faire entendre raison à un ivrogne qui veut se mouiller la luette ! Alors, rendus à bout de patience, et plutôt que de laisser nos âmes au diable qui se léchait déjà les babines en nous voyant dans l’embarras, je dis un mot à tous mes autres compagnons qui avaient aussi peur que moi, et nous nous jetons tous sur Baptiste, que nous terrassons, sans lui faire mal, et que nous plaçons ensuite au fond du canot, – après l’avoir ligoté comme un bout de saucisse, et lui avoir mis un bâillon pour l’empêcher de prononcer des paroles dangereuses, lorsque nous serions en l’air. ET :

Acabris ! Acabras ! Acabram !

nous voilà repartis sur un train de tous les diables, car nous n’avions plus qu’une heure pour nous rendre au chantier de la Gatineau. C’est moi qui gouvernais, cette fois-là, et je vous assure que j’avais l’œil ouvert et le bras solide. Nous remontâmes la rivière Outaouais comme une poussière jusqu’à la Pointe-à-Gatineau et de là nous piquâmes au nord vers le chantier. Nous n’en étions plus rien qu’à quelques lieues, quand voilà-t-il pas cet animal de Baptiste qui se détortille de la corde avec laquelle nous l’avions ficelé, qui s’arrache son bâillon et qui se lève tout droit, dans le canot, en lâchant un sacre qui me fit frémir jusque dans la pointe des cheveux ! Impossible de lutter contre lui dans le canot, sans courir le risque de tomber d’une hauteur de trois cents pieds , et l’animal gesticulait comme un perdu en nous menaçant tous de son aviron qu’il avait saisi et qu’il faisait tournoyer sur nos têtes en faisant le moulinet comme un Irlandais avec son shilelagh. La position était terrible, comme vous le comprenez bien. Heureusement que nous arrivions. Mais j’étais tellement excité, que par une fausse manœuvre que je fis pour éviter l’aviron de Baptiste, le canot heurta la tête d’un gros pin, et que nous voilà tous précipités en bas, dégringolant de branche en branche comme des perdrix que l’on tue dans les épinettes. Je ne sais pas combien je mis de temps à descendre, car je perdis connaissance avant d’arriver, et mon dernier souvenir était comme celui d’un homme rêvant qu’il tombe dans un puits qui n’a pas de fond.

Chapitre VII
Vers les huit heures du matin, je m’éveillai au fond de mon lit, dans la cabane, où nous avaient transportés les bûcherons qui nous avaient trouvés sans connaissance, enfoncés jusqu’au cou, dans un banc de neige du voisinage. Heureusement que personne ne s’était cassé les reins mais je n’ai pas besoin de vous dire que j’avais les côtes sur le long comme un homme qui aurait couché sur les ravalements durant toute une semaine, sans parler d’un black-eye et de deux ou trois déchirures sur les mains et dans la figure. Enfin le principal, c’est que le diable ne nous avait pas tous emportés et je n’ai pas besoin de vous dire que je ne m’empressai pas de démentir ceux qui prétendirent qu'ils m'avaient trouvé, avec Baptiste et les six autres, tous saouls comme des grives, et en train de cuver notre jamaïque dans un banc de neige des environs. C’est déjà pas si beau d’avoir presque vendu son âme au diable, sans s’en vanter parmi les camarades ; et ce n’est que bien des années plus tard que je racontai l’histoire telle qu’elle m’était arrivée.

Tout ce que je puis vous dire, mes amis, c’est que ce n’est pas si drôle qu’on le pense que d’aller voir sa blonde en canot d’écorce, en plein cœur d’hiver, en courant la chasse-galerie ; surtout si vous avez un maudit ivrogne qui se mêle de gouverner. Si vous m’en croyez, vous attendrez à l’été prochain pour aller embrasser vos petits cœurs, sans courir le risque de voyager au profit du diable.

Et Joe, le cook, plongea sa micaouane dans la mélasse bouillonnante aux reflets dorés, et déclara que la tire était cuite à point, et qu’il n’y avait plus qu’à l’étirer.